SOLUTION. Dans un contexte chaotique d'inflation des coûts, le secteur du Bâtiment compte notamment s'appuyer sur la prise de position "historique" du gouvernement en faveur de la renégociation des marchés publics déjà contractualisés, et pourquoi pas privés.

"Historique". C'est ainsi que le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron, qualifie la récente prise de position du gouvernement, incitant les maîtres d'ouvrage à renégocier les prix dans les contrats publics, voire privés, en vertu de la théorie de l'imprévision. Celle-ci stipule qu'un contrat peut-être revu si des évènements qui étaient imprévisibles au moment de sa passation venaient contrecarrer son exécution. "Notre organisation va pousser à des négociations sur les marchés allant dans ce sens", a assuré Olivier Salleron, ce 30 mars 2022, lors de la traditionnelle conférence de presse conjoncturelle trimestrielle de la FFB. "Cela ne peut se faire qu'au cas par cas, en tête-à-tête." Le chef de l'organisation patronale a salué à plusieurs reprise le travail effectué par la médiation des entreprises dans ce cadre, en appelant à la solidarité de tous les acteurs de la filière construction. Pour lui, les surcoûts devraient en effet être "lissés" à l'ensemble des maillons de la chaîne de production (industriels, distributeurs...), et non pas être supportés par les entreprises seules, comme c'est souvent le cas.

 

Prix des matériaux : l'avenir sera "chahuté"

 

L'intégration de ce principe d'imprévisibilité dans les mœurs du secteur serait d'autant plus positive, pour la FFB, que nous entrons "probablement dans un monde chahuté au niveau de l'évolution du prix des matériaux". Chacun a compris que cet état de choses allait durer. Ces dernières semaines, l'aluminium, le minerai de fer, l'étain ont encore connu des hausses significatives. La FFB salue donc aussi l'annonce de l'accélération du rythme de publication des index BTP par l'Insee, permettant aux entreprises de gagner un mois et demie de trésorerie. Mais l'organisation attend encore davantage de soutien dans le cadre du plan de résilience présenté par les pouvoirs publics, jugé toujours "insuffisant". Par exemple, un allongement de la durée de remboursement des prêts garantis par l'État, ou encore l'introduction du fameux dispositif de "carry-back", pourtant retoqué par le Gouvernement il y a quelques semaines.

 


Présidentielle : la FFB demande un méga-ministère pour la filière

 

La Fédération française du bâtiment (FFB) demande au futur président de la République, avec une trentaine d'autres organisations professionnelles, la création d'un grand ministère de la Construction durable et de l'Aménagement du territoire. Le secteur a beaucoup critiqué, durant le quinquennat qui s'achève, le flou entretenu à ce sujet : d'abord une absence de ministère du Logement, puis un ministère délégué, avec des changements d'adresse et de locaux... Un grand ministère unique, bien identifié, intégrant les dimensions constructives et environnementales, permettrait visiblement de créer un meilleur dialogue et des processus plus fluides entre l'État et les représentants de la filière.

 

Autre inquiétude soulevée par la FFB en ce début 2022 : même si les carnets de commandes se maintiennent au global, le secteur déplore un coup de frein sur le marché de la maison individuelle. "Sur ces trois derniers mois, le décrochage est confirmé, assure Olivier Salleron, allant en toute logique dans le même sens que le Pôle habitat, adhérent de la fédération. "Cela ne se voit pas dans le nombre de permis de construire qui s'envole, mais au niveau des ventes en individuel diffus, où l'on enregistre une baisse de 15% depuis le début de l'année." L'administration a communiqué, le 29 mars, son analyse de ce phénomène : comme cela avait été le cas lors du passage de la RT2005 à la RT2012, de nombreux clients ont préféré signer avant l'entrée en vigueur de la RE2020, ce qui entraîne mécaniquement un effet de ralentissement ensuite.

 

Décrets sur le Zan : "Prenons le temps de définir un concept praticable", demande O. Salleron

 

Pour la Fédération française du bâtiment, les décrets Zan mis en consultation sont trop complexes. "Ils sont très difficile à comprendre, et chaque lecteur en a une interprétation différente", assure Olivier Salleron. "Nous demandons donc à ce que l'on prenne le temps de définir un concept praticable et intelligent, qui vise à la sauvegarde, voire au redéploiement, de la biodiversité." Le président de l'organisation patronale doute du fait qu'un élu soit en mesure d'appliquer des textes aussi compliqués.

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