IMMOBILIER. Connu pour son analyse des loyers privés en agrégeant les données de plusieurs réseaux immobiliers, l'observatoire Clameur fait l'objet de dissensions internes.

L'observatoire Clameur qui fournissait les tendances et les analyses des loyers du marché locatif privé continuera bien d'exister. Une évidence pour la présidence de l'association qui confirme le 2 juillet que l'observatoire "va poursuivre ses deux missions principales". Seulement, elle pourrait bien se faire sans son directeur scientifique, professeur universitaire et spécialiste de l'économie immobilière, présent dès la naissance de l'observatoire en 1998.

 

Le 1er juillet, alors que l'encadrement des loyers entre en vigueur à Paris et que des voix s'élèvent à nouveau contre son retour, le média en ligne MySweet'Immo annonce le retrait de Michel Mouillart, avec pour conséquence la disparition de l'observatoire. Dans un communiqué paru le lendemain, le président de Clameur Olivier Nivault "dément vigoureusement les rumeurs de disparition de l'observatoire" et assure que l'association compte bien poursuivre "l'alimentation des observatoires agréés" comme le prévoit la loi Elan, et "l'analyse des données de ses membres".

 

Contacté par Batiactu, le directeur scientifique de Clameur confirme sa volonté de se retirer de ses fonctions. "J'ai fini par confirmer par mail que je n'assurerai plus les fonctions de directeur scientifique, ni aucune des tâches accomplies jusqu'alors et toujours de façon bénévole", déclare-t-il.

 

Un sujet "prématuré"

 

Un sujet encore "très prématuré" estime Olivier Nivault, président de l'assocation et de Plurience, contacté par Batiactu. Parmi les membres fondateurs de l'observatoire du marché locatif privé, on affirme avoir appris la nouvelle par voie de presse. "C'est dommage, mais il va bien falloir qu'on réussisse à fonctionner sans lui", regrette Pierre Hautus, directeur de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) qui dit ne pas comprendre les motifs du départ de Michel Mouillart: "Nous avons mis à jour et sécurisé nos données, et nous sommes adaptés aux exigences du RGPD", justifie-t-il.

 

Crée en 1998 à l'initiative de l'Union nationale des propriétaires immobiliers, l'observatoire Snoupi recueillait tout d'abord les données liées à la gestion locative directe. Au fur et à mesure que l'observatoire s'enrichit d'acteurs immobiliers et de leurs données, il est remplacé par Clameur. A la gouvernance, l'UNPI, le réseau Foncia, l'Union nationale des syndicats de l'immobilier (Unis) et le Syndicat national des professionnels de l'immobilier (SNPI).

 

De son côté, Michel Mouillart, en tant que bénévole, a pour mission de collecter les données transmises par les différents membres de l'association, de les interpréter et de les mettre à jour. "Depuis l'origine de l'observatoire, je prenais à ma charge l'acquisition, la maintenance du matériel informatique, des logiciels, je créais à titre bénévole les applications, leur mise à jour, et la mise à jour des bases de données", indique-t-il auprès de Batiactu.

 

Une demande de contractualisation des engagements

 

Le nœud du problème se trouve là. Car Michel Mouillart n'en serait pas à sa première volonté de quitter l'observatoire. "Après des désordres multiples et variés qui avaient émaillé l'année 2017, sur l'organisation et l'orientation des décisions prises", le professeur d'économie menace de se retirer de Clameur à compter de la conférence de presse de mars 2018.

 

"La responsabilité d'un Conseil d'administration est de se remettre en question sur les techniques, les analyses, et ça donne lieu à des débats au sein des conseils", confie Olivier Nivault qui dit réfléchir à "assurer le renouvellement de Clameur". Alors que le ministère de la Cohésion des territoires lance un grand projet d'évaluation des loyers en France métropolitaine, "on se demande quelle peut être notre participation auprès de l'État", affirme-t-il.

 

A l'issue d'une rencontre avec "le président Olivier Nivault et le président de l'Unis Christophe Tanay", Michel Mouillart était finalement revenu sur sa décision, "en contrepartie d'un certain nombre d'aménagements". Au cours d'un Conseil d'administration à l'automne 2018, sont évoquées "la question de la propriété intellectuelle des développements analytiques et informatiques qui est associée à une prestation non rémunérée, la propriété des données en distinguant bien Clameur et les partenaires apporteurs de données, mais aussi les obligations des uns et des autres en termes de représentation, de diffusion".

 

Ne voyant pas cette "contractualisation" venir, le directeur scientifique aurait donc signifié son départ. "Depuis mi-mai 2019, il n'y a plus de travail de mise à niveau et de redéploiement de Clameur", dixit Michel Mouillart qui y voit la mise en sommeil de Clameur "dans sa version d'origine".

 

De son côté, la présidence de Clameur confirme qu'elle poursuivra sa mission d'analyse des données, et maintient sa conférence de presse de l'automne 2019. "Les données reversées aux observatoires agréés à ce jour ont un niveau qui nous satisfait, et nous serons attentifs à l'analyse", dixit Géraud Delvolvé, délégué général de l'Unis qui a réclamé l'organisation d'un conseil d'administration extraordinaire.

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