CHANTIER - Près de 900 personnes s'activent chaque jour sur les six hectares en travaux du Forum des Halles, au centre de Paris. Point d'orgue de ce chantier, la mise en place de la Canopée, imaginée par Patrick Berger et Jacques Anziutti, qui sort désormais de terre. Visite et point d'étape de ce projet.
Jeudi 20 décembre 2012, quatre grues, dont la plus haute culmine à 50 mètres, surplombent le chantier des Halles. Sur le terrain, compagnons et cols blancs de Vinci se croisent dans les 450 bungalows de chantier marron, jaunes et verts, assortis aux palissades. "Le chantier ne s'arrête jamais", nous rappelle d'entrée Dominique Hucher, directeur du projet du réaménagement des Halles à la société d'économie mixte SemPariSeine, dont la Ville de Paris est l'actionnaire majoritaire.
Un chantier 24h/24h
Dans les entrailles du Forum, "les travaux qui génèrent du bruit et de la poussière s'effectuent précisément de nuit car, en sous-sol, cela ne gêne pas les riverains". Et d'ajouter : "Depuis avril 2012, de nombreux travaux sont également réalisés la nuit à l'intérieur du Forum, parce qu'ils conduisent à mettre hors service soit des équipements de sécurité, soit des parcours d'évacuation de la gare ou du Forum. Et selon leur nature et leur impact sur la sécurité, ils sont engagés entre 1h00 et 5h30, pendant la fermeture de la gare, ou de 21 h à 10 heures pendant la fermeture du Forum."
Par ailleurs, l'opération de désamiantage est plus importante que prévu. "À certains endroits, il a fallu construire des grandes boîtes étanches où les ouvriers y pénètrent seulement en scaphandre!", souligne l'ingénieur des Ponts et Chaussées.
À l'extérieur, près d'une cinquantaine d'engins de construction et de démolition se retrouvent au milieu des gravats des anciens pavillons Willerval, qui habillaient de miroirs, il y a encore deux ans, le Forum des Halles. "Personne ne s'est vraiment ému de leur disparition, nous confie Dominique Hucher. A contrario, la destruction des jardins du côté de l'église Saint-Eustache avait provoqué une levée de boucliers des riverains."
"Nous avons déjà coupé beaucoup d'arbres, mais nous allons en replanter beaucoup", poursuit-il. Pour le moment, l'endroit ressemble à un champ vide. "Lorsque l'ancien jardin a été construit dans les années 1980, son poids était trop lourd pour le plafond du Forum. Du coup, 50 % de sa surface a été constituée de 'boîtes vides', dont certaines ont fini en locaux techniques", ajoute-t-il. Cette fois-ci, le futur jardin et sa prairie fleurie, dont la réouverture est prévue fin 2013, reposera notamment sur des billes d'argile et près d'un mètre de polystyrène.
Découvrez la suite de l'article dédiée au chantier des Halles, dès la page 2
La Canopée, pièce phare du chantier
De l'autre côté du chantier, à proximité de la rue Berger, la toiture en verre de la Canopée, pièce phare du projet, n'est pas encore visible. Mais sa charpente métallique pointe déjà son nez. Elle doit prendre appui sur la trame de 11 x 16 m environ des poteaux de béton du sous-sol.
"Ici, la forme imaginée par les architectes Patrick Berger et Jacques Anziutti est complexe, mais le système constructif est très simple, ajoute Dominique Hucher. Ils se sont inspirés de la nature où de nombreux motifs sont le fruit de process de fabrication liés aux contraintes de l'environnement et au souci d'économie d'efforts." En effet, à l'image d'une immense feuille ondoyant à la hauteur de la cime des arbres, l'enveloppe "légère, fluide et translucide" abritera deux bâtiments pour des équipements publics et des commerces.
Des poutres de 100 mètres de long
Ainsi, le gros du chantier a nécessité des milliers de poutres d'acier de type S460, dont une centaine pèsent 9,5 tonnes. Pour acheminer le matériel, une cinquantaine de camions convergent ici chaque jour. "Pour ce qui concerne la méthode de construction de la Canopée, nous avons au final souhaité réaliser l'ouvrage sur place, qu'il s'agisse de souder les morceaux de la poutre porteuse devant être posée sur les rives des bâtiments nord et sud ou d'assembler les ventelles et de les recouvrir de verre, nous explique de son côté Xavier Gruson, directeur de projet, Sogea -TPI chez Vinci. Et puis, nous allons poser le verre sur une structure métallique déjà stable."
Côté délais, le directeur du chantier poursuit : "Nous sécurisons chaque jour les délais. Une fois, la poutre porteuse en U posée, il est possible de procéder à l'assemblage de la couverture de tous les côtés - Lescot, bâtiment sud, bâtiment nord et côté jardin. Le clos couvert de la Canopée comprenant le gros-œuvre et la toiture sera achevé fin 2013." Ainsi, la gestion millimétrée de l'un des plus vastes chantiers de Paris prend des allures d'"horloge suisse". Chantier à suivre.
Découvrez le diaporama dédié au chantier des Halles, dès la page 3
Vers la réorganisation des Halles
La Canopée s'inscrit dans la réorganisation des Halles à Paris sur un axe est-ouest et non plus sur une diagonale entre la fontaine des Innocents et l'église Saint-Eustache avec une large ouverture sur le jardin.
Le prototype de la Canopée validé
A l'occasion d'une visite sur site, vendredi 23 novembre 2012, le maire de Paris Bertrand Delanoë et l'architecte Patrick Berger ont validé, sur un prototype en taille réelle, les choix des matériaux composant la couverture de verre et les façades du bâtiment.
Le choix de la teinte du verre
Etape décisive dans l'avancée des travaux de la Canopée : le choix de la teinte du verre. C'est fait. "C'est donc un fin jaune-vert, teinte qui variera légèrement selon l'ensoleillement et l'angle de vision", nous précise Dominique Hucher, le directeur du projet. Le verre ne sera pas totalement transparent, évitant ainsi l'exposition durant les fortes chaleurs.
Une peau de verre
Telle une peau de verre, la couverture de la Canopée couvrira une surface globale de 25.000 m², soit l'équivalent de 18.000 plaques de verre. Deux ailes seront disposées autour d'un patio qui deviendra le nouveau cœur des Halles.
Une couverture de verre
La couverture de verre qui formera la Canopée se devine et se dessine d'ores et déjà sur le prototype achevé fin novembre dernier au cœur de la cité du chantier.
Reconstruire les Halles sur les Halles
Reconstruire les Halles sur les Halles : un autre impératif du projet est de reconstruire les Halles sur les Halles, de réaliser le nouveau bâtiment sur un centre commercial en activité et une gare souterraine au fonctionnement incessant.
Vers l'église Saint-Eustache
Vers l'église Saint-Eustache, la sculpture de 60 tonnes en forme de tête a été stockée quelques mètres plus loin au mois de décembre dernier, avant de retrouver son emplacement initial au printemps prochain. D'ici là, dans quelques semaines, l'aire de jeux dédiée aux 7-11 ans aura enfin ouvert ses portes, après cinq mois de retard.
Le futur jardin
Cette fois-ci, le futur jardin et sa prairie fleurie, dont la réouverture est prévue fin 2013, reposera notamment sur des billes d'argile et sur près d'un mètre de polystyrène.
Des poutres de 100 mètres de long
Le gros du chantier a nécessité des milliers de poutres d'acier de type S460, dont une centaine pèsent 9,5 tonnes.
Gigantesque opération de démolition
À l'extérieur du chantier, près d'une cinquantaine d'engins de construction et de démolition se retrouvent au milieu des gravats des anciens pavillons Willerval, qui étaient encore présents il y a deux ans dans le Forum des Halles.
Un an de calculs
Le groupe Vinci a réalisé ses études d'exécution tout au long de l'année 2012.
Un désamiantage plus long que prévu
L'opération de désamiantage a été plus importante que prévu. "À certains endroits, il a fallu construire des grandes boîtes étanches où les ouvriers y pénètrent seulement en scaphandre!", souligne l'ingénieur des Ponts et Chaussées.
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Paris/SemPariSeine, mandataire.
Maîtrise d'œuvre : Patrick Berger et Jacques Anziutti, architectes. Ingérop (conseil-ingénierie, structure, fluides, économie), Base Consultants (HQE).
Principales entreprises : Vinci/Chantiers Modernes Construction. Groupement CMC/SOGEA TPI/GTM TP IDF/Bateg Fayat sous-traitant (gros œuvre, charpente, clos couvert), Laubeuf (façade patio rez-de-chaussée). Surface : 21.600 m2 Shon.
Coût total : 216 millions d'euros HT pour la Canopée et 802 millions d'euros pour le total.
Livraison de la Canopée : 2014.