Installations temporaires avec le studio Frontière Tijuana / San Diego
Faire bouger les lignes passe par un processus politique. Tous les acteurs locaux sont associés. "J'essaie de jeter des ponts de stratégies informelles" entre les deux villes, si antinomiques, alors qu'elles ne sont qu'à vingt minutes l'une de l'autre. Elles doivent apprendre l'une de l'autre, utiliser les ressources de chacune pour mieux grandir ensemble.
Du côté mexicain à Tijuana, l'architecte a mené un projet de rénovation avec une ONG : "Les quartiers informels de cette ville croissent plus vite que les pôles urbains, les cernent, transforment les règles de croissance et effacent les distinctions entre urbain, suburbain et rural (...), explique-t-il (propos repris par Marie Hélène Contal dans la présentation des lauréats). Notre démarche a commencé ici par aborder le conflit qui prévaut entre habitat d'urgence ,le travail précaire et les entreprises des zones franches d'activité ('maquiladoras')." Les entreprises utilisent la main d'oeuvre bon marché, sans rien lui donner en retour. "Notre intervention s'est déplacée sur ces usines elles-mêmes, en proposant qu'elles fabriquent des composants utilisables par les habitants pour leur logement."
Et de négocier ainsi, par exemple, l'utilisation d'un portique fabriqué sur place dans l'entreprise, comme un élément constructif "pour assembler les matériaux que les habitants récupèrent de San Diego et réutilisent à Tijuana".