L'inquiétude est montée d'un cran ces jours-ci chez les syndicats du principal acteur de la filière bois en France quant à l'avenir de leur groupe, au lendemain d'une assemblée général à Dax (Landes). Pourquoi ? La direction a réaffirmé son souhait de se séparer complètement d'une de ses filiales. Détails.
Les dirigeants du groupe Gascogne (bois, papier, emballage) ont sauvé leur fauteuil ce mercredi, à Dax (Landes), lors de l'assemblée générale des actionnaires. En revanche le PDG, Frédéric Doulcet, et les administrateurs ont tout de même passé une rude journée. Ils ont dû entendre les critiques convergentes de la CGT et d'anciens dirigeants, dont l'ex-patron de la branche bois Jean-Luc Imberty.
Ce dernier a demandé aux actionnaires de le porter à la tête du groupe et de limoger Frédéric Doulcet. La tentative de « limogeage » a échoué. Mais l'équipe dirigeante n'a obtenu le soutien que de 58 à 71 % des actionnaires selon les cas, ce qui illustre le malaise provoqué par la situation du groupe.
Une cession largement contestée
Ainsi, quelque 250 salariés ont manifesté mardi 5 juin à Dax (Landes), à l'appel du collectif CGT du groupe Gascogne. Pourquoi ? Ils sont opposés à la cession annoncée par le groupe en février de l'ensemble de sa division « laminates » ou « complexes », qui fabrique des emballages (autoadhésifs) notamment pour l'industrie, l'alimentation ou la pharmacie.
La direction avait annoncé en début d'année la vente de la partie suisse de cette filiale. Le site de Martigny emploie, en effet, 110 personnes. Mais en février dernier, la direction a déclaré qu'elle cèderait aussi le reste de l'activité, à savoir les unités de Dax (277 employés), Jarnac (Charente, 43), Ensisheim (Haut-Rhin, 40) et Linnich en Allemagne (160).En 2011, le chiffre d'affaires de la filiale a atteint 184 M €, soit 37% du chiffre d'affaires du groupe.
« La vente de cette branche, la plus dynamique, va conduire le reste du groupe dans des difficultés qui seront fatales », ont déclaré cette semaine deux délégués CGT aux actionnaires lors de l'assemblée générale. La direction de Gascogne affirme au contraire que la cession de l'ensemble de sa division « laminates » lui permettra de poursuivre ses investissements de productivité et d'amorcer un désendettement.
Interpeller Arnaud Montebourg
Par la même occasion, le syndicat cégétiste
souhaite interpeller le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg afin d'organiser une table ronde avec les actionnaires, les dirigeants du groupe ainsi que les pouvoirs publics et partenaires financiers. Sur l'exercice 2011, le groupe, dont le principal actionnaire (28,8%) est Eau et Electricité de Madagascar avait enregistré une perte nette de 32,6 M €.
Pour rappel, Gascogne, principal acteur de la filière bois en France, emploie près 2.300 personnes, dont une immense majorité en Aquitaine. C'est le seul acteur français totalement intégré sur l'ensemble de la chaîne bois-papier-transformation.