PARIS 2024. Plusieurs syndicats dénoncent "l'impossibilité" de visiter les chantiers liés aux Jeux olympiques 2024, à Paris, alors même qu'ils ont pu le faire sur les sites de la coupe du monde 2022, au Qatar. De son côté, la Solideo, en charge de livrer les ouvrages olympiques, a assuré qu'elle ferait bientôt évoluer les conditions d'accessibilité.

Ils sont déterminés à se faire entendre. Une délégation de syndicats, français et internationaux, dénonce l'impossibilité de visiter les chantiers des Jeux olympiques de Paris qui se tiendront dans trois ans. Le groupement a été reçu le 6 décembre 2021 par la Solideo, la société chargée de livrer les ouvrages olympiques, pour discuter de plusieurs points dont celui-ci. "Nous avons déjà visité des chantiers au Qatar pour la coupe du monde, et nous avons d'autres visites prévues. Et ici, aucune", avait déploré le Philippin Ambet Yuson, secrétaire général de l'IBB, syndicat international des travailleurs du bois et de la construction basé à Genève, avant la rencontre avec des cadres de la Solideo. "On est très loin du modèle qatari et dans un dialogue social à la française de qualité", s'est de con côté défendue la Solideo auprès de l'AFP.

 

 

"On ne sait rien"

 

La rencontre entre la société et la délégation, accompagnée de responsables syndicaux roumains et ukrainiens, s'est organisée à la maison du projet Solideo à Saint-Denis. Les syndicats ont demandé à obtenir plus d'informations sur la part de travailleurs détachés susceptibles d'intervenir sur les différents chantiers. "On ne sait rien, ni quelle société travaille sur tel ou tel chantier, ni sur les détachés", a affirmé Jean-Pascal François, administrateur de la CGT-Construction. "Ils nous disent qu'il n'y a pour l'instant aucun travailleur détaché, mais bon, nous avons des doutes. C'est difficile parce qu'ils ne communiquent aucun chiffre", a ajouté Geneviève Kalina, directrice de la communication de l'IBB. À cela, la Solideo a assuré que les informations sur les travailleurs détachés étaient "transmises à l'État" et que jusqu'ici, la société ne possédait aucune information sur la présence de travailleurs détachés sur les chantiers.

 

 

Le sujet a toute son importance dans ce projet. En effet, le comité d'organisation des JO de Paris a adopté une charte sociale en 2018 sur cette question, une première pour un comité d'organisation. Si Jean-Pascal François salue l'initiative, il considère qu'il faut toutefois vérifier que la charte soit respectée. "Ça a été une promenade cordiale ce matin, mais bon, on n'a pas obtenu de réponse sur notre demande de pouvoir visiter les chantiers. On nous répond que ce sont des chantiers hyper-sensibles et qu'à ce titre, on ne peut pas laisser rentrer n'importe qui", a-t-il raconté à l'AFP, suite à la rencontre avec la Solideo. "Comment peut-on visiter le Qatar et pas ici ? C'est incompréhensible", a réagi Geneviève Kalina. "Nos chantiers sont accessibles selon des modalités négociées avec le comité de la charte qui réunit entreprises et syndicats. Le travail avec ce comité nous permet de renforcer le dialogue social. Les conditions d'accessibilité vont évoluer", a expliqué la Solideo. La société doit livrer d'ici deux ans 62 ouvrages olympiques. Son budget, d'une hauteur de 3,6 milliards d'euros, provient en partie de l'argent public (près de 1,55 milliard d'euros).

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