Pour la première fois, des employés du pôle Technologique de LafargeHolcim à Saint-Quentin-Fallavier (Isère) ont manifesté contre la suppression d'une centaine de postes suite à l'annonce d'un plan de restructuration des services centraux du groupe. Le Comité d'Entreprise estime que le processus signe "la mort du génie cimentier bicentenaire français". Détails.

Ils sont près de 150 à s'être rassemblés devant les grilles du pôle Technologique du géant cimentier LafargeHolcim, à Saint-Quentin-Fallavier, pour défendre l'emploi et avertir l'opinion publique du "démantèlement de Lafarge, en France". Car, selon le comité d'entreprise, depuis le début de 2016, ce sont 610 postes qui ont déjà été supprimés dans l'Hexagone, en deux vagues successives. Un troisième plan avait été annoncé par la direction au mois de septembre, prévoyant cette fois la disparition "d'environ 250 postes dans les fonctions centrales d'ici à la fin de 2017", dont 130 à Holderbank (Suisse) et 80 à l'Isle-d'Abeau (Isère), plus d'autres sites dans diverses régions du monde. Le but était alors de simplifier "les structures corporate" et d'adapter "l'organisation du support technique aux pays, afin de permettre aux sites opérationnels du groupe de répondre plus rapidement et plus efficacement". Mais cette procédure avait été annulée, le 10 novembre dernier, "pour irrégularité" pour être remplacé, le 28 du mois, par un nouveau plan, "quasi identique" selon le syndicaliste Renaud Fontaine-Tranchant s'exprimant à l'AFP. Le représentant CFDT a dénoncé "l'absence de justifications économiques à ce plan de sauvegarde de la compétitivité". Ce sont 102 postes qui seraient menacés dans l'Isère.

 

 

Les manifestants expliquent que le dialogue social est rompu au sein de l'entreprise et qu'une véritable casse sociale est en cours : "Il est clair qu'au-delà de nos entreprises LSG et TCEA (groupe LafargeHolcim) aujourd'hui impactées, c'est un plan de plus grande envergure que le groupe dessine sur le territoire national". Ils ont d'ailleurs choisi la date du 1er décembre pour manifester en raison de l'entrée en vigueur de la loi Travail (El Khomri) qui facilite le licenciement économique. Avant de descendre dans la rue, ils avaient été reçus au mois de novembre par les conseillers de la Présidence de la République et des représentants des ministères de l'Economie et du Travail. Ils avaient également rencontré la sénatrice de l'Isère pour rappeler que les deux plans précédents n'avaient toujours pas tenu leurs promesses en termes de créations d'emplois : "Ces engagements pris auprès de l'organisation syndicale (CFDT) et des pouvoirs publics ne sont pas respectés par LafargeHolcim, groupe international basé en Suisse".

 

Logique financière contre maintien des savoir-faire

 

 

Dans un communiqué, ils résument : "Ce nouveau PSE est de trop d'autant que LafargeHolcim devrait encore annoncer ce jour de nouvelles réductions d'effectifs en France. Nous disons STOP ! Nous ne pouvons laisser sous silence de tels agissements et devons rétablir la vérité (…). Ce PSE n'est qu'une dilapidation d'un savoir-faire unique et reconnu de notre entreprise. C'est surtout un véritable gâchis pour l'emploi de haut niveau en France". Selon la CFTC, la direction aurait en effet annoncé un projet de régionalisation des activités bétons et granulats en France sur trois régions, avec une mutualisation et une centralisation de certaines fonctions support. Une décision qui entraînerait, cette fois, "la suppression de 207 postes dans les quatre entités France, la création de 80 postes, et la modification géographique de 71 postes". Le bilan serait donc encore largement négatif pour les sites français. Dans le même temps, les employés soulignent que le géant mondial a plus que triplé son bénéfice net sur la première moitié de 2016 (416 M€) et qu'il s'est fortement désendetté en procédant à des cessions obligatoires pour pouvoir fusionner Lafarge et Holcim. Pas suffisant toutefois pour rendre les financiers totalement sereins, puisque le groupe a récemment revu à la baisse son objectif de résultat opérationnel à l'horizon de 2018, en le ramenant de 7,3 à 6,4 Mrds €, une nouvelle qui avait fait dire aux analystes que les réductions de coût n'étaient "pas très agressives".

actionclactionfp