Des recherches menées par le CNRS dans le cadre de l'expérimentation TicElec tendent à prouver qu'une information régulière sur sa consommation électrique la fait automatiquement réduire dans des proportions non négligeables. Des résultats qui pourraient être utilisés à l'échelle nationale.
Il est possible de réduire la consommation électrique des ménages de façon nette par la seule influence de l'information. Telle est la conclusion de l'expérimentation TicElec (Technologies de l'information pour une consommation électrique responsable) menée depuis 2012 par le Gredeg (unité mixte de l'université de Nice-Sophia Antipolis et du CNRS), l'Observatoire français des conjonctures économiques (centre de recherche en économie de Sciences Politiques) et la société Unibode (fournisseur de la solution technique).
Cette première expérience en France a mobilisé, pendant plus d'un an, 145 foyers volontaires dans la commune de Biot (Alpes-Maritimes), qui ont été équipés ou non de capteurs permettant de tracer et de suivre l'évolution de leur consommation électrique, puis de la comparer de façon statistique. Ces foyers ont été répartis de façon aléatoire en trois groupes : le premier, dit "témoin", qui sert de référence, n'a pas disposé de matériel spécifique ; le second a été partiellement équipé avec un capteur branché sur le compteur général et une passerelle connectée à Internet ; le troisième, enfin, s'est vu remettre deux capteurs nomades à brancher sur des prises électriques, un capteur branché sur le compteur général et la passerelle Internet. Ces deux derniers groupes recevaient donc des informations plus ou moins détaillées allant des consommations, au jour le jour, à une information précise par équipement (chauffe-eau, chaudière, appareils électroménagers).
L'information la plus fine a le plus de poids
Résultat : de grandes différences sont observées au niveau des pratiques de consommation selon l'absence ou la présence d'information. Le CNRS précise : "En effet, sur la période d'observation, la consommation des groupes équipés de TIC (c'est-à-dire de capteurs intelligents et communicants, NdlR) s'est révélée 23 % moins élevée par rapport au niveau initial de consommation électrique". Les chercheurs ont noté une évolution des pratiques comme l'extinction plus systématique des lumières ou une plus grande utilisation des ampoules basse consommation. "Autre constat : même au sein des groupes équipés, il apparaît que le groupe ayant reçu une information plus fine a moins consommé que l'autre, ce qui tend à montrer que l'apport d'information est d'autant plus percutant que celle-ci est fine et perçue comme non intrusive", poursuit-il.Ces premières constatations devraient être dupliquées dans d'autres contextes afin de "consolider et valider le type de démarche à l'échelle nationale", assure le CNRS. La dernière étape du projet TicElec s'est adressé aux enfants des classes élémentaires, via l'ouvrage "Au fil de l'électricité", afin de leur expliquer la consommation électrique de façon pédagogique et de les sensibiliser à la démarche de réduction. Les kits ayant servi à l'expérimentation ont été reconditionnés et offerts aux écoles biotoises, avec le support éducatif. Le projet, initié par le CNRS, a été soutenu par l'Etat, l'Ademe, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et le conseil général des Alpes-Maritimes.