Avec «l'aide de solidarité écologique», l'Etat vient de lancer une nouvelle subvention pour accélérer l'isolation thermique des logements privés. Les propriétaires très modestes vivant dans leur logement, mais ne répondant pas aux critères du prêt à taux zéro, pourront se porter candidats à cette prime, qui prendra en charge deux tiers de la somme des travaux. Quelque 600.000 logements seraient visés par ce dispositif.
Objectif : réhabiliter d'ici à 2017 les logements de «300.000 propriétaires occupants modestes en situation de précarité énergétique». Valérie Létard, secrétaire d'Etat chargée de la solidarité écologique, a présenté mardi un nouveau dispositif visant à accélérer l'isolation thermique des logements, pour engendrer des économies d'énergie à hauteur de 30%, selon les estimations du ministère de l'Ecologie. Cette subvention, appelée «aide de solidarité écologique», s'adresse pour l'instant à 600.000 logements qui feront l'objet d'un «repérage préalable», et dont la moitié sont situés en milieu rural. «Il s'agit de ménages défavorisés, mais aussi de ménages modestes», indique le ministère de l'Ecologie. Selon l'Insee, 3,4 millions de ménages (soit 13%) consacrent plus de 10% de leurs ressources à payer leurs factures de chauffage.
En pratique, l'Etat et les collectivités s'engagent à prendre en charge deux tiers du coût des travaux d'isolation de ces logements «dégradés». Pour des travaux de 10.000 euros par exemple, l'Etat versera un montant forfaitaire de 1.500 euros, puis 25% du prix des travaux (soit 2.500 euros). Les collectivités donneront également 25%, l'aide s'élevant ainsi à 8.000 euros. Pour payer le reste des travaux, les ménages pourront faire des demandes d'éco-prêts à taux zéro et de prêts bonifiés, auprès des Caisses d'allocation familiales ou de la Mutualité sociale agricole.
Les subventions seront avancées par le Fonds national d'aide à la rénovation thermique des logements privés, doté de 1,25 milliard d'euros et géré par l'Anah. Ce dispositif sera financé par le grand emprunt, via une dotation de 500 millions d'euros, les fournisseurs d'énergie (150 millions), l'Anah et l'Ademe (600 millions).
Précarité énergétique et développement durable
Reste à savoir si les ménages concernés auront les ressources nécessaires pour s'acquitter de la somme restante, puisque les bénéficiaires potentiels sont les «personnes situées au bas de l'échelle de revenus», comme l'a indiqué Valérie Létard.
La Fondation Abbé-Pierre, qui faisait partie du groupe de travail à l'origine de cette aide, s'est déclarée «globalement satisfaite» de ce «signal fort» dans la lutte contre la précarité énergétique. «Il y a enfin quelque chose de concret qui prend en compte la précarité énergétique dans le développement durable», a indiqué Bertrand Lapostolet, l'un des représentants de l'organisation. De son côté, l'association des régions de France accuse le gouvernement de se livrer à de la «récupération». Citée par l'AFP, l'association indique que «ce dispositif existe déjà. Les régions le font dans le cadre de leur politique d'accompagnement pour assurer la réhabilitation des habitations privées».