Des emprunteurs américains qui n’arrivent plus à rembourser leur bien immobilier, la Banque centrale européenne (BCE) qui réinjecte des liquidités dans le circuit monétaire... Comment l’effondrement du marché immobilier américain a-t-il créé un ouragan sur l’ensemble des places boursières mondiales ? Voici quelques éléments de réponse.

On ne parle plus que d’elles : les «subprimes» sont sur toutes les lèvres. Mais au fait, de quoi s’agit-il ? Les fameuses subprimes, ou crédits à risque, représentent 13% des crédits immobiliers aux Etats-Unis. Ils sont accordés à des ménages très modestes, pour l’achat d’un bien immobilier. L’emprunteur hypothèque son bien, qui devient une garantie pour la banque s’il ne parvient pas à rembourser. Mais surtout, les taux d’intérêts sont variables et dépendent de la valeur de la maison : plus celle-ci est élevée, plus le taux est bas, et inversement. Ainsi, pour un emprunt réalisé sans apport initial, le taux d’intérêt, très bas au début, peut grimper très vite et atteindre 18% au bout de trois ans.

C’est précisément ce qui s’est passé depuis le début de l’année. Le marché immobilier américain, pourtant en hausse depuis plusieurs années, a commencé à ralentir, engendrant une baisse de la valeur des biens, et donc une hausse des taux d’intérêts. Dès lors, des millions d’Américains ne peuvent plus rembourser des mensualités astronomiques par rapport à leurs revenus, et les établissements de crédits ne peuvent plus se rembourser, même en saisissant les biens de leurs clients puisque la valeur de ces biens est désormais inférieure à la somme empruntée au départ.

Pourquoi les banques sont-elles touchées ?
De nombreuses banques avaient investi dans les établissements de crédits, une opération juteuse lorsque le marché de l’immobilier se porte bien et que les crédits sont transformés en titres financiers. Les banques revendent alors leurs actions en masse, provocant une chute des valeurs sur les marchés financiers : c’est la panique sur les places boursières. Si certaines banques européennes sont touchées, c’est qu’elles avaient, elles aussi, misé sur les établissements de crédit.

Les faillites d’établissements bancaires observées outre-Atlantique créent une crise de confiance sur les marchés financiers européens. «A moyen terme, le marché des actions sera dirigé par des éléments psychologiques plutôt que par les fondamentaux», observe le spécialiste de la finance Dexia. Car les investisseurs doivent avoir à nouveau confiance avant de réinjecter des fonds. C’est pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque fédérale américaine (FED), dont le rôle est de garder l’inflation sous contrôle, ont injecté plusieurs milliards de dollars dans le circuit monétaire, afin de créer de l’argent disponible, ou «liquidités», que les banques ne possèdent plus mais qui sont pourtant nécessaires à l’investissement. Depuis le 9 août, la FED a déjà injecté 132 milliards de dollars.

A la tempête financière s’ajoute le drame humain de milliers de familles qui ne peuvent plus rembourser leur maison. Le sénateur américain Christopher Todd estimait la semaine dernière que un à trois millions d’Américains pourraient perdre leur logement.

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