Alain Dinin, PDG du groupe immobilier Nexity, ne cache pas sa déception quant à la stratégie logement présentée par le Gouvernement. Selon lui, elle manque de vision à long terme. Précisions.
"Quelques bonnes intentions et une grosse déception". Voilà comment Alain Dinin résume la stratégie logement, présentée le 20 septembre dernier par le Gouvernement. Le PDG du groupe immobilier Nexity a rappelé, lors d'une interview sur Europe 1 ce 29 septembre 2017, que lorsqu'Emmanuel Macron était en campagne, il avait promis de ne pas toucher au logement "car c'est un secteur qui fonctionne bien mais qui est aussi extrêmement fragile" parce que "tous les acteurs sont liés les uns aux autres". Or, Alain Dinin regrette que dans la pratique tout cela ait été oublié.
Selon lui, "on ne peut pas avoir un raisonnement sur le logement sans avoir un raisonnement sur la ville et sur l'évolution démographique". Il estime que le Gouvernement "a mis sous l'angle d'une politique du logement un certain nombre de mesures, qui pourraient s'expliquer à 4/5 ans d'aujourd'hui, mais dont l'effet immédiat va être extrêmement négatif sur l'ensemble de la chaine du logement".
Même s'il admet que le secteur soit rénové, retransformé, il déplore que l'Etat ne donne pas à la stratégie du Logement les moyens d'une vision à long terme. "Je suis surpris qu'on ne se pose pas la question de la composition des ménages. Dans 15 ans, il y aura 5 millions de ménages en plus dont 25% sera monoparentaux et dont plus de 25% aura plus de 60 ans. Donc, quel sera le type d'habitat pour ces gens-là ?", interroge le patron de Nexity.
Si le logement social se met à l'arrêt, toute la chaîne sera impactée
"Mais en face de cela on a des mesures budgétaires", poursuit-il. Concernant les réformes annoncées pour le logement social, si Alain Dinin dit qu'il doit "probablement se réformer", il estime qu'il aura fallu lui donner 3 à 4 ans pour s'organiser. Selon lui, le Gouvernement aurait pu dire au mouvement HLM "organisez-vous pour que vous ne soyez plus 763 mais 20 ou 30 grands offices d'HLM, constituez des bilans, ayez des capacités d'emprunt. Mais au lieu de cela, on leur dit on vous enlève votre chiffre d'affaires et votre trésorerie". A la question "Qu'est-ce qui va se passer ?", Alain Dinin répond : "le logement social va se mettre à l'arrêt". Or, il rappelle qu'on "ne peut pas construire de logements libres si on ne fait pas de logements sociaux" et considère que cela va "frictionner l'ensemble de la chaîne". Sur le long terme, Alain Dinin estime qu'en 2019, il y aura une perte de 50.000 mises en chantier de logements par rapport à cette année.
Enfin, le PDG de Nexity évoque les aides au logement. "Certes, elles coûtent près de 40 milliards d'euros à l'Etat mais elles rapportent beaucoup plus", indique-t-il valoir rappelant cependant que l'Etat "se gave" en faisant sur ces ventes de logements "un profit de 30 milliards d'euros" grâce à la fiscalité sur l'immobilier. "Si vous nous demandez de faire un effort, faites-en un aussi", a réclamé le dirigeant de Nexity au Chef de l'Etat et de conclure : "si on aligne la fiscalité immobilière de la France sur celle de l'Allemagne, dans 5 ans on n'a plus besoin des 40 milliards d'aides. Et là je dis banco".
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- Europe 1 (@Europe1) 29 septembre 2017