La station de ski fantôme de Saint-Honoré (Isère), avec ses immeubles vandalisés ou inachevés, sera vendue aux enchères le 28 octobre.

Cette vente se déroulera à Grenoble et devrait mettre un terme à l'imbroglio financier qui bloque depuis 1995 le développement de cette station posée à 1.500 m d'altitude, à 50 km de Grenoble dans le massif de l'Oisans.

La vente concerne, d'une part, 103 lots de copropriété dans deux bâtiments de 4 étages avec 68 appartements avec celliers et parkings, l'ensemble ayant été pillé alors que les appartements équipés étaient prêts à être livrés a-t-on appris auprès de Me Vincent Berthat, avocat de la banque germano-luxembourgeoise SEBLUX, créancière hypothécaire du site.
Un lot de terrains avec construction en cours, dont un hôtel-restaurant avec vue panoramique inachevé et "un bâtiment commencé d'appartements et garages" est aussi en vente.

Tous les lots séparément mis aux enchères, qu'ils soient adjugés ou non-adjugés "seront réunis et mis aux enchères en seul lot, afin de favoriser l'arrivée d'un investisseur unique mieux à même de relancer la station".

Lancé dans les années 1980, en pleine euphorie immobilière de "l'or blanc", le projet originel prévoyait la construction d'un complexe de 1.400 lits, d'un centre commercial et de nombreuses infrastructures sportives.

Les terrains sont viabilisés en 1970. Un premier bâtiment avec 100 appartements est construit et vendu. Une première société immobilière (SCI) change de main en 1988. En 1993, les travaux sont arrêtés. La SCI est placée en redressement judiciaire en mars 1994 et liquidée en juin 1995 et le promoteur est emprisonné pour détournement de fonds.

La banque créancière de ce chantier est alors la BFG, un établissement germano-luxembourgeois, qui deviendra un moment une filiale du Crédit Lyonnais avant d'être revendue et de devenir la SEBLUX.

En 1996, des investisseurs proposent de reprendre le tout pour 3 MF (457.000 euros), "mais la banque a refusé car elle avait avancé 30 fois cette somme", explique Me Berthat.

La banque avait obtenu en 1990 que le Conseil général de l'Isère garantisse 50% du montant des travaux. La convention cautionnant le prêt avait été signée par Pierre Grataloup, alors premier vice-président du conseil général de l'Isère dirigé à l'époque par Alain Carignon (RPR). Mais M. Grataloup n'avait pas qualité pour engager la responsabilité du conseil et le successeur et rival de M. Carignon, le RPR Michel Hannoun refuse en 1995 ce rôle de caution.

Ce volet complexe du dossier est en attente de jugement au TGI de Paris, et aussi devant la cour d'appel de Lyon. L'ardoise pourrait être coûteuse pour le département de l'Isère, car la banque a estimé que les intérêts de la dette représentaient 70.000 euros par mois depuis octobre 1995.

Selon Me Berthat, le long délai pour arriver à la vente d'octobre s'explique parce que "rien n'avait été fait sur le plan administratif pour préparer la vente et il a fallu notamment remesurer tous les lots, et obtenir toutes les autorisations".

Le maire de cette commune de 800 habitants, Dominique Guillot, est persuadé que sa station, située dans un site magnifique, "est parfaitement viable". La reprise par un investisseur devrait aussi sauver la liaison actuelle par télésiège entre Saint-Honoré et la station de ski l'Alpe du Grand-Serre (Isère), dont les élus locaux ne souhaitent plus financer le déficit.

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