Après l'Ile-de-France, la région PACA est soupçonnée d'irrégularité dans la passation de marchés pour la construction et la réhabilitation de lycées. L'enquête, ouverte il y a trois ans, passe à la vitesse supérieure avec la mise en garde à vue d'un dirigeant du bureau d'études Asstec.

Agissant sur commission rogatoire du juge d'instruction marseillais Franck Landou, les gendarmes de la section de recherches de Marseille interrogent actuellement le dirigeant du bureau d'études Asstec sur les contrats passés à la fin des années 90 entre sa société et la Semader indique le quotidien Le Monde dans son édition datée du mercredi 28 mai. La société d'économie mixte Semader avait été mandatée par le conseil régional, alors dirigé par le maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin, pour superviser la construction et la réhabilitation de plusieurs lycées en PACA.

L'enquête porte sur une série d'anomalies dans la passation des marchés publics des lycées mais également de la construction de hôtel de région. Ces irrégularités avaient été révélées dans un rapport commandé par nouvelle majorité PS à un ancien magistrat de la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France, Jean-Pierre Gohon. A la lecture de ce rapport, Christian Martin, le successeur de Jean-Claude Gaudin à la présidence de la Semader (rebaptisé Area), avait saisi le parquet de Marseille en février 2000. Pour ce conseiller régional PS, la procédure d'appel d'offres avait été détournée. Selon le Monde, qui évoque un courrier adressé par Christian Martin au procureur de Marseille le 17 février 2000, la société Mistral aurait été retenue comme moins-disante en obtenant le marché pour 109 millions de francs alors qu'elle aurait finalement perçue 142 millions d'euros, "somme supérieure à celle contenue dans les quatre propositions retenues pour les négociations par la commission d'appel d'offres".
Le parquet avait aussi été saisi par M. Martin d'une plainte visant l'ex-directeur général de la Semader, Jean-Marie Chabert, soupçonné d'avoir fait prendre en charge par la société d'économie mixte des travaux dans des locaux lui appartenant rappelle Le Monde. Une affaire dans l'affaire qui avait entraîné la mise en examen de M. Chabert pour "abus de biens sociaux".

Depuis le début de l'enquête, un climat délétère entoure ces affaires. Fin 2001, le service régional de police judicaire (SRPJ) de Marseille avait été accusé de laxisme sur ce dossier. Les policiers avaient même été dessaisis de l'enquête au profit de la gendarmerie.

Si cette affaire comme l'affirme Le Monde, "relance les interrogations sur l'existence dans la région d'un "réseau" occulte réunissant élus, malfaiteurs, magistrats et policiers", elle illustre également les dangers potentiels d'une nouvelle réforme des marchés publics. En effet, nombreux sont ceux qui pensent qu'en autorisant les missions globales incluant la conception, la réalisation, la maintenance, voire le financement des bâtiments publics, cette réforme pourrait conduire à retour des dérives financières que le pays a connu dans les années 80-90.

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