Une société limougeaude a décidé d'utiliser son savoir-faire dans les matériaux hi-tech pour proposer une nouvelle solution d'isolation basée sur un composant multifonction à structure autoporteuse. Détails avec Richard Gaignon, co-fondateur de Solumix.
L'aventure Solumix a démarré en 2009, avec un travail pour Air Liquide sur l'utilisation d'une masse poreuse céramique dans les bouteilles d'acétylène afin de sécuriser leur transport. "C'était un matériau hi-tech très intéressant", nous explique Richard Gaignon ingénieur et co-fondateur de Solumix avec Christophe Chaput, tous deux ingénieurs céramistes de formation. "Nous avons eu l'idée de l'incorporer à des matériaux de construction, comme isolant cohésif, naturel et résistant au feu", détaille-t-il. Les travaux se sont donc poursuivis, entre 2010 et 2013, sur la qualité des matières premières et par des tests d'intégration, afin de vérifier la validité du concept.
Une solution d'isolation lancée en 2015
"Entre mai et novembre 2012, nous avons levé des fonds pour créer la société Solumix avec une ligne pilote, afin de continuer les tests de démonstration", poursuit Richard Gaignon. La ligne pilote, qui ne produit pas de grandes quantités et n'est donc pas destinée à une production en série, permet de diminuer le coût d'intégration chez les différents clients et de fournir des démonstrateurs. "Nous sommes encore en phase de développement. Nous ne sommes pas concurrents des autres isolants, mais nous nous plaçons comme fournisseur d'isolant intégré", insiste le dirigeant. Le produit Solumix se présente sous la forme d'une poudre qui doit être ajoutée d'eau et passée à l'autoclave afin de subir un procédé de prise hydrothermale. L'isolant microporeux se marie autant avec le bois ou le béton que la tuile afin d'apporter ses caractéristiques de cohésion, d'isolation thermique et de résistance au feu.
Beaucoup de potentiel
Le matériau à microstructure aérée aciculaire (structure en aiguilles entrecroisées) est d'origine naturelle, formé de silico-calcaire "amélioré", n'émettant pas de COV et ne requérant pas de dérivés pétroliers. "Il peut être recyclé comme le sont les briques ou le béton", nous précise Richard Gaignon. Si l'isolation phonique n'a pas encore été testée, en revanche le lambda d'isolation thermique est bien connu : 0,06. "Nous sommes sur un produit qui a beaucoup de potentiel, pour des applications pare-feu et isolation, en neuf ou en rénovation. Nous nous donnons deux ans pour le lancer commercialement en tant que 'solution d'isolation' à proposer aux fabricants de matériaux de construction", explique-t-on chez Solumix. L'établissement d'une ligne de production et de conditionnement de la poudre est envisagé pour la fin de l'année 2015, le temps de nouer des partenariats commerciaux avec des acteurs du secteur qui l'incorporeront à leurs propres produits.
Des caractéristiques uniques :
Solumix se décline pour l'heure en deux grades, IR15 et IR4, le second étant spécifiquement destiné au marché de l'isolation des briques. Leur structure microscopique diffère légèrement après étuvage : pour IR15 (en haut), le processus de synthèse va jusqu'à cristallisation afin d'obtenir une structure autoporteuse avec une résistance en compression de 3 MPa. Pour IR4 (en bas), le silico-calcaire reste figé dans une phase intermédiaire (résistance de 1,5 MPa), permettant un remplissage des briques.
La structure aérée en aiguilles entrecroisées garantit une bonne résistance thermique associée aux briques de terre cuite (R > 5). Solumix est ininflammable et présente une résistance au feu jusqu'à 1.000 °C, en ne dégageant ni fumée, ni gaz toxique. Le matériau ne contient ni gypse, ni ciment, mais il est constitué d'un mélange de silice, calcium, magnésium et eau. En l'absence de composé carboné, les moisissures ne peuvent se développer en son sein, et il n'émet aucun COV.