ENTRETIEN. Gérard Senior, nouveau président de Qualibat, détaille auprès de Batiactu ses priorités pour son mandat : services aux entreprises, dématérialisation, lutte contre l'éco-délinquance...
Quelles sont les priorités du nouveau président de Qualibat, l'architecte Gérard Sénior ? Services aux entreprises, dématérialisation, label RGE... Batiactu fait le point.
Batiactu : Pourquoi, en tant qu'architecte, avoir candidaté à la président de Qualibat ?
Gérard Senior : L'Unsfa est un adhérent de longue date de Qualibat. Or, nous considérions comme important que les architectes montrent leur attachement aux compétences des entreprises de construction. J'ai donc porté la candidature de l'Unsfa à la présidence de Qualibat, et j'ai été élu à l'unanimité par le conseil d'administration. Je dispose bien sûr d'un Bureau, composé de deux vice-présidents, Christophe Waubant (Fédération française du bâtiment) et David Morales (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment). Philippe Estingoy, directeur général de l'Agence qualité construction (AQC), intègre aussi l'équipe en tant que trésorier.
Batiactu : Quelles sont vos priorités pour les entreprises ?
G.S. : Nous voulons rappeler aux entreprises que Qualibat est un outil à leur service, une preuve permettant de mettre en avant leurs compétences. Les tâches administratives peuvent être mal vécues par les artisans s'ils ne comprennent pas leur utilité. A ce sujet, le chantier de la simplification est d'ailleurs déjà ouvert. L'objectif est de dématérialiser l'ensemble du processus de qualification. Mais cela prend du temps, il nous faut réunir un certain nombre de conditions, comme l'accord des assureurs, l'accès à certains dossiers…
"Nous disposons d'un trésor de données que nous devons valoriser"
Nous souhaitons également mettre en valeur le savoir-faire des entreprises, en tirant parti de ce que nous observons sur le terrain. Nous sommes allés jusqu'à réaliser plus de 25.000 audits par an toutes qualifications et certifications confondues, (RGE, métallerie feu, amiante…). Nous disposons donc d'une visibilité privilégiée sur ce qu'il se passe, en réalité, sur les chantiers. C'est un véritable trésor de données que nous devons valoriser, en réalisant par exemple une étude qui serait le pendant de l'observatoire de l'AQC sur les désordres de la construction. Je souhaite mettre en place cet « observatoire des savoir-faire » lors de ma mandature.
Enfin, davantage vis-à-vis des particuliers qui cherchent à faire des travaux, nous comptons lancer une application leur permettant d'obtenir le contact de professionnels qualifiés dans les compétences recherchées.
Batiactu : Quels messages souhaitez-vous faire passer à l'ensemble de la profession ?
G.S. : Qualibat souhaite également faire passer des messages auprès de nos autres clients et partenaires. En premier lieu la maîtrise d'ouvrage (syndic, bailleurs sociaux, promoteurs immobiliers…). Nous avons, à ce sujet, rappelé au Gouvernement qu'en 2013 une circulaire avait été rédigée par les pouvoirs publics, instaurant la qualification comme critère de sélection pour les marchés publics de travaux de performance énergétique et de mise en accessibilité des bâtiments. Pourquoi ne pas, en cette période de reprise de l'activité, et d'urgence écologique, y avoir à nouveau recours ? Nous souhaitons aussi nous adresser à la maîtrise d'œuvre (architectes et bureaux d'études), en travaillant par exemple plus étroitement avec les éditeurs de logiciels CCTP et Bim pour que nos signes qualité y soient implantés, référencés.
Nous avons également un devoir de prospective sur l'évolution des métiers nous devons réfléchir avec les organisations professionnelles pour anticiper ces évolutions.
Batiactu : Au niveau des services aux entreprises, avez-vous d'autres projets ?
G.S. : Nous envisageons aussi de proposer davantage de services aux entreprises, comme par exemple la création d'un site internet pour chaque chantier, permettant aux acteurs qui y interviennent de disposer des normes et DTU en vigueur pour chaque lot présent. On le sait, les difficultés sur le terrain viennent souvent d'interfaces mal gérées. Il existe des milliers de chantiers par an en France ; trouvons un modèle économique pour supporter cela. Il s'agit de pénétrer davantage dans le quotidien des entreprises pour leur faciliter leur quotidien.
"Le solde de RGE a tendance à se stabiliser, avec en moyenne 4.000 entrées et autant de sorties chaque année"
Batiactu : Où en est-on du nombre d'entreprises qualifiées RGE ?
G.S. : Aujourd'hui, sur 58.000 qualifiés au total, et 108.000 qualifications, 48.000 professionnels sont RGE, répartis dans plus de 124.00 catégories de travaux. Le solde a tendance à se stabiliser, avec en moyenne 4.000 entrées et autant de sorties chaque année. Sur le RGE "chantier par chantier", nous en sommes à 180 dossiers déposés, un audit ayant déjà été réalisé en isolation thermique par l'extérieur. Une vingtaine d'autres visites suivront. Quant aux sujets d'éco-délinquance, nous continuons à rappeler l'importance d'une mobilisation de tout l'écosystème RGE, notamment en matière de partage d'informations pour mieux les repérer et les poursuivre au grand bénéfice des usagers.