Afin de diminuer les charges des locataires, le bailleur alsacien CUS Habitat a entrepris de déployer des capteurs solaires thermiques en toiture pour produire l'eau chaude sanitaire de 5.000 foyers. Les résultats obtenus, couverts par un contrat de garantie de réalisation solaire, dépassent les objectifs initiaux. Explications avec Christophe Rousseau, le directeur du Développement et de l'Exploitation.
Le bailleur social de la communauté urbaine de Strasbourg, CUS Habitat, gère un parc de 20.000 logements hébergeant 54.000 locataires. Lancée dans un plan d'actions patrimonial depuis 2003, la société évoque un intérêt économique pour ses occupants : "Dans le couple loyer+charges, la composante énergie devient de plus en plus lourde", explique Christophe Rousseau, directeur du Développement et de l'Exploitation. "CUS Habitat avait la volonté de réduire ces charges locatives de chauffage et d'eau chaude sanitaire", poursuit-il. L'idée de substituer une source d'énergie renouvelable et gratuite à des combustibles fossiles vient tout naturellement, autant pour diminuer la facture que les émissions de gaz à effet de serre.
"Nous avons travaillé avec le bureau d'études Tecsol pour l'implantation de capteurs solaires thermiques. Les premiers ont été mis en place à Ostwald (commune de l'agglomération strasbourgeoise, NdlR) sur un ensemble de logements, pour un test grandeur nature qui s'est avéré concluant", raconte Christophe Rousseau. Cette expérimentation débouche sur la formulation de deux appels d'offres portant sur l'équipement de 5.000 logements avec 8.000 m² de panneaux en toiture. "Il était nécessaire que les immeubles possèdent des toitures terrasses, et pas des toitures à pans inclinés potentiellement mal orientés, et des systèmes de production d'eau chaude sanitaire collectifs, afin de ne pas avoir d'autres travaux à entreprendre", précise le directeur du Développement et de l'Exploitation. Le premier appel d'offres est remporté par De Dietrich tandis que le second l'est par Viessmann, deux entreprises alsaciennes, l'installation étant également assurée par des sociétés locales. "L'opération est achevée en 2008, avec une période d'amortissement de 9 ans seulement", ajoute-t-il.
Résultats garantis et ROI de 10 ans
CUS Habitat estime que les charges ont baissé d'une centaine d'euros par logement et par an, grâce à l'installation des capteurs solaires thermiques, "soit une réduction d'un tiers du budget eau chaude/chauffage", souligne Christophe Rousseau. Les systèmes - d'une maintenance relativement simple puisque constitués de capteurs, de canalisations où coule l'eau glycolée, et d'une pompe mettant en mouvement le liquide - sont entretenus par le personnel du bailleur social. Situation rare en France, il possède une régie interne comptant quinze chauffagistes habilités à intervenir sur ce type d'installations. "Les résultats sont couverts par un contrat de garantie de réalisation solaire", rajoute le directeur du Développement et de l'Exploitation. "Les résultats théoriques sont vérifiés sur le terrain et, en cas de non atteinte, une pénalité est appliquée à la fois au fabricant et à l'installateur", poursuit-il. "Mais nous n'avons jamais eu de résultats inférieurs aux résultats théoriques". Les panneaux, quant à eux, sont garantis 25 ans.Selon l'exploitant, le taux de couverture sur le poste eau chaude sanitaire, atteindrait les 30 à 40 % des besoins, complémentés par des installations au gaz ou des pompes à chaleur, le fioul ayant été supprimé comme source d'énergie. "Aujourd'hui, la priorité est l'isolation des bâtiments ainsi que l'alimentation par des réseaux de chaleur", glisse Christophe Rousseau qui évoque également la nécessité de sensibiliser les locataires à une adaptation de leurs comportements afin de réduire les consommations, et donc, les dépenses. "C'est un sujet de communication plus compliqué qu'il n'y paraît", regrette-t-il. Il assure que les économies réalisées, n'apparaissant pas sur les quittances de loyer, demeurent invisibles pour les occupants. En tout, CUS Habitat investira 1 milliard d'euros jusqu'en 2025 pour construire et rénover son patrimoine afin de l'amener à des niveaux de consommation beaucoup plus bas, de l'ordre de 150 kWh/m²/an dans l'existant, contre plus de 200 kWh/m²/an auparavant. L'opération d'installation des capteurs solaires thermiques n'aura représenté que 5 M€, somme rentabilisée en une dizaine d'années. De quoi inspirer d'autres bailleurs sociaux.