L'Etat abandonne le projet de barrage de Sivens en signant un arrêté abrogeant la déclaration d'intérêt général de l'ouvrage. Une compensation de 3 millions d'euros sera versée au département du Tarn. Un projet de retenue plus réduite est à l'étude.
Le projet de barrage de Sivens est maintenant définitivement abandonné : les préfets du Tarn et du Tarn-et-Garonne ont signé, ce vendredi 1er janvier 2016, l'arrêté qui abroge la déclaration d'intérêt général du projet sous sa forme initiale. Une décision prise par le gouvernement suite à plusieurs années de controverse et d'affrontements. Le 11 décembre 2015 déjà, le conseil départemental du Tarn avait adopté un accord transactionnel proposé par l'Etat afin de recevoir une compensation de 3,4 millions d'euros : 2,1 millions pour les dépenses engagées en pure perte, et 1,3 million d'euros supplémentaires pour réhabiliter la zone humide. La vallée de la rivière Tescou avait été arasée afin de contenir les eaux de la retenue qui ne sera finalement pas construite.
Les réactions, à l'image du projet contesté, sont diamétralement opposées : le sénateur du Tarn-et-Garonne (DVD), François Bonhomme, évoque une signature "en catimini", un "gâchis" et une "capitulation". A l'inverse, le président du conseil régional du Tarn, le socialiste Thierry Carcenac, évoque "un joli cadeau de Noël" pour ses administrés. Reste que le département espère toujours la construction d'un barrage, destiné à l'irrigation des cultures. Un nouveau projet, de moindre envergure que le premier, est défendu, notamment par la FNSEA (agriculteurs). Mais même diminué de moitié, le barrage ne satisfait pas les "zadistes" qui restent mobilisés. Prévue pour être construite à quelques encablures du projet initial, cette version "allégée" pourrait voir le jour d'ici deux à trois ans.
Le barrage de Sivens, étudié dès la fin des années 1960, consistait à créer une réserve d'eau de 1,5 million de m3 utilisables pour l'irrigation des terres agricoles et pour contrôler le débit du Tescou, un affluent du Tarn. Cette retenue d'eau aurait submergé 12 hectares de zones humides pour une surface totale du réservoir de 34 hectares (41 ha en cas de crue exceptionnelle).
L'ouvrage proprement dit devait être constitué d'une digue en terre munie d'un noyau épais en argile étanche recouvert de rochers et de matériaux limono-sableux (en aval) recouvert d'une couche de terre végétale enherbée. La hauteur prévue était de 12,80 mètres pour une longueur de 315 mètres et une largeur, à la crête, de 5 mètres. Le volume du remblai estimé était de 145.000 m3 (dont 43.000 m3 de matériaux de carrière).