Dans la lutte acharnée pour la prise de contrôle de Sika qui oppose le conseil d'administration du groupe de chimie de spécialité, à la famille héritière de son fondateur alliée de circonstance au français Saint-Gobain, la justice suisse vient de donner raison aux opposants de la fusion. Un épisode de plus qui ne semble pas entamer la détermination du géant des matériaux de construction.
Il était attendu que la décision du tribunal cantonal de Zoug ne serait pas la dernière dans le conflit Sika/Saint-Gobain. La partie perdante aurait, de toute façon fait appel. Et ce sera bien le cas : la demande de la famille Burkard, héritière du groupe de chimie de spécialité, a été rejetée, ce vendredi 28 octobre 2016, en première instance. La justice helvète reconnait donc la limitation des droits de vote de la holding Schenker-Winkler (qui représente les intérêts des héritiers), décidée en assemblée générale au mois d'avril dernier. Les juges ont estimé valide le plafonnement des droits de vote à 5 % sur certains points à l'ordre du jour, alors que la holding détient en fait 16,1 % du capital et surtout, 52,4 % des droits de vote. Une décision qui empêche la prise de contrôle par Saint-Gobain qui tente désespérément de mettre la main sur Sika, sans passer par une offre publique d'achat sur les marchés, qui serait forcément plus coûteuse que l'accord "à l'amiable", passé directement avec la famille Burkard (contre 2,52 Mrds €).
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Paul Hälg, le président de Sika, plus farouche opposant à la prise de contrôle par le géant français des matériaux de construction, a indiqué que son groupe proposerait aux héritiers de leur racheter leur paquet d'actions, pour un montant non divulgué, afin de mettre un terme aux prétentions de Saint-Gobain une fois pour toutes. Ce dernier a, de son côté, indiqué qu'il prenait acte de la décision du tribunal cantonal et… confirmé sa volonté de poursuivre la transaction initiée secrètement en décembre 2014. Dans un communiqué, il précise : "SWH ayant déclaré son intention d'exercer un recours contre cette décision devant la cour suprême de Zoug", le groupe exprime "sa confiance dans la justice suisse pour rétablir, en appel, les droits de propriété de la famille Burkard". Il est d'ores et déjà prévu que l'accord passé entre les héritiers et Saint-Gobain, pourra courir au moins jusqu'en juin 2017, et se prolonger jusqu'en… décembre 2018. Des proches du dossier précisent à l'AFP : "On était préparés à une bataille judiciaire longue".