Semaine du développement durable : interview de Pierre Hérant (Ademe)

La sixième édition de la semaine du développement durable a commencé lundi avec comme objectif de sensibiliser le grand public aux problèmes de consommation d’énergie et de réduction de gaz à effet de serre. Parmi les secteurs les plus concernés par ces enjeux, on trouve le bâtiment qui est responsable de 21% des émissions de CO2.

Batiactu : Pouvez-vous nous dresser un bilan du secteur du bâtiment en matière de développement durable ?
Pierre Hérant : Le secteur est responsable de 23 % des émissions de CO2 et de 43% de la consommation totale d’énergie en France. On recense 2,65 milliards de m² de logements et également 850 millions de mètres carrés de surface de bâtiments tertiaires chauffés. Ces chiffres importants nous incitent à sensibiliser les différents acteurs du secteur sur deux objectifs. Tout d’abord, la réduction de la consommation d’énergie car les coûts vont continuer à augmenter à cause de la raréfaction prévue du pétrole. Mais également sur les engagements pris par la France pour diviser par quatre ses émissions de CO2 d’ici à 2050.

Batiactu : Dans quel domaine le secteur du bâtiment a-t-il le plus de défis à relever ?
P. H : Le plus grand défi concerne le parc existant. Il est indispensable d’améliorer la performance des bâtiments en service qui représentent au total 3,5 milliards de m2, en mettant tout d'abord en place une isolation thermique de qualité permettant de réduire fortement les pertes d'énergie. Il faut aussi remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables. Par exemple, l’eau chaude peut être produite par le solaire. Pour le chauffage, on peut utiliser le bois énergie ou la géothermie... Les grands promoteurs commencent d’ailleurs à être sensibles à ces alternatives. Des éoliennes et des panneaux photovoltaïques vont être posées par exemple sur de nouvelles tours de la Défense. Même si dans ce cas cette démarche est symbolique, on note une réelle prise de conscience de la part de l'ensemble des acteurs du bâtiment et de la construction pour progresser rapidement vers la haute performance énergétique.

Batiactu : Justement, quelles actions ont été menées par ces acteurs pour améliorer les performances énergétiques ?
P.H : Le secteur du bâtiment a mis en place des certifications de démarche Haute Qualité Environnementale (HQE) qui portent sur les logements et les bâtiments tertiaires. Il s’appuie également sur l’obtention de labels HPE (haute performance énergétique) ou THPE (très haute performance énergétique) qui vont au-delà du respect de la réglementation thermique. Courant 2007, de nouveaux labels HPE EnR et THPE EnR(haute et très haute performance énergétique Energies renouvelables) qui valorise l’utilisation des énergies renouvelables vont voir le jour.
Lors de la construction, on constate aussi des améliorations importantes sur les chantiers où sont réalisés le tri des déchets et où l'utilisation de matériaux renouvelables se développe… d’ailleurs, les maîtres d’ouvrage construisent de plus en plus de bâtiments en suivant la démarche HQE.

Batiactu : Quelles sont les projets pour 2007 ?
P.H : Nous développons actuellement un vaste programme de recherche et d'expérimentation sur l'énergie dans le bâtiment. Il s’agit du Prébat, financé à hauteur de 15 à 20 millions d’euros par an sur la période 2005 - 2009 par 5 agences (ADEME, ANRU, ANAH, ANR, OSEO-ANVAR) et 5 ministères (équipement, logement, industrie, recherche, économie) qui a pour objectif de développer de nouveaux composants performants et un ensemble d'innovations autour de tout ce qui permet de générer des économies d’énergie. Egalement, nous lançons dans la quasi-totalité des régions des appels à projets de bâtiments démonstrateurs qui seront des vitrines en matière de haute performance énergétique, comme il en existe déjà en Allemagne avec les constructions «Passivhaus» ou encore en Suisse avec les constructions «Minergie».