L’association des paralysées de France (APF) organise cette semaine une campagne nationale sur l’accessibilité. Objectif : sensibiliser le grand public à ce problème et accélérer la rénovation des espaces publics pour les rendre accessibles à tous. Présentation des enjeux et interview.

L’inaccessibilité est considérée par les personnes handicapées comme la première des discriminations. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par l’Ifop pour l’APF. La campagne «Accéder7exister !», organisée du 8 au 14 octobre dans toute la France, veut faire prendre conscience des obstacles rencontrés par les handicapés dans leur vie quotidienne : utilisation des transports, accès aux commerces, au logement

Pendant une semaine, l’APF va déposer dans des lieux publics ou des commerces des silhouettes de différentes couleurs représentant un fauteuil roulant. Les trois couleurs (fuchsia, orange et vert) symbolisent le niveau d’accessibilité des lieux. Le but est de sensibiliser les français à ce sujet, en rappelant que le délai de 10 ans pour la mise en accessibilité du cadre bâti et des transports, décrété par la «loi handicap» du 11 février 2005 se rapproche.

L’APF revendique l’amélioration de l’environnement des personnes en situation de handicap «en accélérant la rénovation des espaces publics, des voiries, des équipements publics, c’est-à-dire en les rendant accessibles à tous».

3 questions à Nicolas Mérille, conseiller national de l’APF en aménagement du territoire, ville et citoyenneté

Quel est l’objectif de la campagne organisée cette semaine ?
La campagne «Accéder7exister» est une démarche de sensibilisation du grand public, mais nous sommes évidemment dans cette démarche toute l’année. Nous nous battons pour l’accès à tout pour tous, des services publics aux modes de transports et aux commerces. Le délai de la loi handicap de 2005, qui donne 10 ans pour la mise en accessibilité du bâti et des transports, commence à courir : pourtant, on ne sent pas une mobilisation des acteurs de terrain. Cette loi prévoit que des commissions communales ou intercommunales d’accessibilité se réunissent dans les communes de plus de 5.000 habitants, afin d’établir un état des lieux sur l’accessibilité de la voirie, des espaces publics, et des transports. Cet état des lieux est validé par un rapport annuel au conseil municipal, et communiqué au Préfet, au président du conseil général ainsi qu’à tous les responsables de bâtiments concernés. Malheureusement une très grande majorité des communes assujetties à cette obligation n’y répondent pas. Il s’agit pourtant d’une démarche participative qu’il ne faudrait pas regarder seulement d’un point de vue technique.

Le délai imposé par la loi de 2005 sera-t-il tenu ?
Force est de constater l’inertie généralisée, mais il y a eu récemment une impulsion gouvernementale pour que les commissions communales et intercommunales se réunissent avant la fin de l’année 2007. En misant sur la concertation, il est encore temps de relever le défi d’une France accessible. Dans tous les groupes de population, il y a entre 8% et 12% de personnes handicapées, que ce soit au niveau moteur, mental, psychique ou sensoriel. Sans parler des personnes âgées, des parents ayant des enfants en bas âge et donc des poussettes, des blessés temporaires… Si vous ne prenez pas cela en compte, comment voulez-vous construire une ville accessible ? La France est éminemment en retard sur cette question, il y a un blocage culturel. La liberté de déplacement n’existe que sur le papier pour les gens en situation de handicap. On parle de HQE pour les bâtiments, il faudrait pouvoir parler de HQU pour l’accessibilité : haute qualité d’usage. L’accessibilité doit être conçue comme un critère d’excellence.

Comment travaillez-vous avec les collectivités et les industriels ?
Nous travaillons actuellement avec la SNCF sur le futur TGV. Nous veillons à ce que l’intérieur des cabines soient accessibles, mais aussi sur toute la chaîne de déplacement, depuis la place de parking jusqu’au déplacement dans la gare, etc. Lorsque nous travaillons avec les communes, nous leur disons par exemple qu’il manque 100 places de stationnement pour handicapés. Evidement, les élus ont des contraintes budgétaires. Nous faisons donc un compromis avec les municipalités, qui s’engagent à mettre en place peut être pas 100, mais un nombre de places de stationnement données dans un délai donné. Et la municipalité nous demande ensuite quels sont les endroits stratégiques où ces places de stationnement doivent être installées en priorité. Notre avis est également sollicité par le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), lorsque celui-ci rédige des projets de décrets ou d’arrêtés.

actionclactionfp