LOI ELAN. Les immeubles de moyenne hauteur (IMH) constituent une nouvelle catégorie de bâtiments, introduite dans la loi logement et numérique (Elan). Ils remplaceront notamment les immeubles d'habitations de quatrième famille. Jean-Charles du Bellay, spécialiste sécurité incendie à la Fédération française du bâtiment (FFB), fait le point sur le sujet.

Les immeubles de moyenne hauteur (IMH) constituent une nouvelle catégorie de bâtiments (de 28 à 50 mètres), introduite dans la loi Elan. Pourquoi cette innovation ? Jean-Charles du Bellay, spécialiste sécurité incendie au sein de la Fédération française du bâtiment (FFB), a fait le point sur ce sujet lors des Assises du logement, qui se sont tenues le 15 novembre 2018 au palais d'Iéna. Deux raisons ont principalement guidé le législateur : simplifier les procédures de réversibilité des bâtiments et améliorer la sécurité incendie dans les immeubles d'habitation de quatrième famille, à la suite de l'incendie de la tour Grenfell, à Londres, en juin 2017.

 

Simplifier sans baisser le niveau de sécurité incendie

 

En matière de réversibilité des bâtiments de bureaux en logements, les règles de sécurité incendie existant actuellement compliquent les choses. "Aujourd'hui, un établissement recevant du public (ERP) est considéré comme immeuble de grande hauteur dès 28 mètres. Or, en habitation, on n'est IGH qu'à partir de 50 mètres", a expliqué l'expert. D'où une difficulté à transformer des logements en bureaux sur ce segment. "L'IMH vient supprimer les contraintes IGH pour tous les bâtiments de 28 à 50 mètres. Il vient simplifier sans baisser le niveau de sécurité incendie. C'est un compromis entre ce qui marche bien en IGH, et la réglementation qui vient en surabondance, augmentant les coûts d'exploitation et de construction."

 

 

Que sera-t-il fait pour préserver la sécurité sans pour autant appliquer la réglementation IGH entre 28 et 50 mètres ? "En IMH, il faudra désenfumer mécaniquement tous les couloirs et sanctuariser les escaliers. Pour ce faire, il faudra avoir recours à la surpression soit au désenfumage naturel : cela fait pour l'instant l'objet de concertations."

 

Obligation de résultat en désenfumage

 

Jean-Charles du Bellay précise que l'IMH sera même assorti d'une obligation de résultat en matière de désenfumage de l'escalier. "Il devra être impossible que la fumée arrive à cet endroit. Ce sont les fumées qui tuent et provoquent l'effet de panique." Chose qui s'est malheureusement produite à Grenfell. "L'immeuble de moyenne hauteur sera composé de colonnes d'incendie, d'escaliers sanctuarisés, et d'un encadrement des possibilités de propagation du feu en façade, sans pour autant y imposer des matériaux incombustibles", ajoute-t-il. Un classement de réaction et de résistance au feu M3 serait envisagé pour ces produits.

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