ROYAUME-UNI. Qui paiera les travaux de sécurisation de façades privées mal protégées contre le risque incendie ? Au Royaume-Uni, la question est en passe d'être résolue.
Dans la foulée de l'incendie de la tour Grenfell, à Londres, les pouvoirs publics britanniques ont repéré des centaines de bâtiments d'habitation, publics et privés, dont le système de façade présente un risque quant à la sécurité incendie. En effet, le même type de panneaux en aluminium composite avec un cœur en polyéthylène (ACM-PE) y est présent. Mais qui paiera les interventions nécessaires à sécuriser le parc concerné ?
Pour le logement social, la question est réglée depuis mai dernier : le Gouvernement paiera à hauteur de 450 millions d'euros. Mais qu'en est-il pour les bâtiments d'habitation privés, et notamment l'un des plus emblématiques, abritant 2.000 habitants, le complexe New capital quay dans le quartier londonien de Greenwich ?
Les résidents allaient devoir débourser jusqu'à 45.000 euros
Le premier assureur du secteur outre-Manche, le National house building council (NHBC), a mis fin au suspense : c'est lui qui paiera l'intervention sur ces bâtiments de Greenwich, du fait de la décennale proposée. Et cette décision pourrait faire jurisprudence pour d'autres tours. "Les résidents ont fait part de leur soulagement, dans la mesure où ils faisaient face à des investissements allant jusqu'à 45.000 euros chacun", nous informe le Guardian.
"Cela a été un processus très complexe, et les résidents se sont inquiétés, ce qui est compréhensible", a commenté le NHBC. "Nous avons fait tous les efforts pour nous assurer qu'ils soient informés en temps réel, et ils peuvent maintenant être assurés du fait qu'ils n'auront pas à supporter le coût des travaux." Ces derniers comprendront notamment le remplacement de l'ACM-PE. Qu'est-ce qui a convaincu l'assureur de trancher ainsi ? "Nous avons conclu qu'il y avait eu une entorse à la réglementation au moment de la construction du bâtiment."
En France, une telle réintervention sur des façades a eu lieu au moins une fois à la suite de l'incendie de la tour Mermoz, à Roubaix. L'addition était montée à 750.000 euros par tour d'habitations, mais avait été prise en charge par le bailleur Lille métropole habitat.
"Nous regardons bien sûr ce qu'il se passe à l'étranger dans la mesure de nos moyens. Les assureurs mettent en place des veilles sur des problématiques de sécurité liées à la pose de produits plus ou moins combustibles, tels que des isolants thermiques en façade. C'est un sujet similaire à celui que nous connaissons sur les panneaux photovoltaïques. Lorsque les assureurs souscrivent un risque, ils l'analysent au préalable et tiennent compte du fait qu'un procédé constructif est plus ou moins combustible. Depuis l'incendie de la tour Grenfell, les assureurs redoublent de vigilance dans le choix des matériaux de construction et dans la bonne maîtrise du risque incendie lors de la phase d'exploitation du bâtiment."
Christophe Delcamp, Directeur adjoint à la direction des assurances de dommages et responsabilité au sein de la Fédération française des assurances (FFA)