La construction serait le secteur le plus touché par la mortalité prématurée, selon les résultats d'une enquête de l'Institut de veille sanitaire. En première ligne : les cancers et les chutes accidentelles. Explications.
Le bulletin épidémiologique publié fin juillet par l'Institut de veille sanitaire relance le débat sur les conditions de travail dans le secteur de la construction, en particulier pour les ouvriers. Selon le projet d'analyse systématique de la mortalité par secteur d'activité, Cosmop, ces travailleurs seraient victimes d'une surmortalité globale. Raisons invoquées ? La dangerosité de certains chantiers et l'exposition à des matériaux cancérigènes connus.
De nombreux cancers
Selon l'étude, les travailleurs de la construction seraient les premiers touchés par le cancer. Quelque 41,6% concernent en effet les tumeurs malignes. Les plus courants sont les cancers buccopharyngés, de l'appareil digestif, de l'appareil respiratoire ou encore certaines maladies non-cancéreuses comme les maladies vasculaires cérébrales et d'autres de l'appareil digestif.
Autre cause importante de décès : les chutes accidentelles. A l'inverse, ces ouvriers seraient relativement moins touchés par les maladies infectieuses que le reste de la population active.
Des matériaux incriminés
La consommation importante d'alcool et le tabac peuvent en partie expliquer ce phénomène. Mais ces facteurs de risques ne suffisent pas pour justifier d'une telle mortalité. L'étude suggère en effet que les expositions professionnelles à une trentaine de cancérigènes connus comme l'amiante, la silice, les poussières de bois, etc., seraient également responsables.
A noter que cette étude reste limitée. Si elle a été réalisée sur un échantillon représentatif de la population, pendant une durée relativement longue (1974-1999), le faible effectif de décès dans les autres catégories professionnelles et la non prise en compte du changement d'activité, appellent à rester prudent quant aux analyses qui se révèleraient trop hâtives.
