L'urbanisation galopante et l'évolution du climat accroissent la pression sur les rares espaces verts des grandes villes. Développer des jardins suspendus flottants, ancrés dans les fleuves, lacs ou baies des mégalopoles, tel est le projet du cabinet d'architectes hollandais Waterstudio.NL. Préservés de l'Homme, ces arbres artificiels permettraient à différentes espèces de trouver un abri et de se réapproprier un espace devenu hostile.
Afin de rendre à la Nature des espaces préservés, au cœur même des agglomérations, un studio d'architectes hollandais, sous la férule de J. Koen Olthuis, a imaginé un concept d'arbre flottant. Celui-ci doit permettre à un ensemble d'espèces animales et végétales de trouver un habitat et de recréer un écosystème complet en miniature. Conçus à partir d'une technologie éprouvée, les « Sea Trees » sont prévus pour être ancrés sur les fleuves, lacs ou baies présents dans la plupart des grandes villes. Car les mégapoles disposent de moins en moins d'espaces verts, faute de place. Le concept d'île artificielle permet donc de s'affranchir élégamment de toute contrainte d'emprise au sol.
De plus, les arbres artificiels se composent de plusieurs étages au-dessus,mais également en dessous,de la surface de l'eau. Reliés au fond par un système de câbles d'ancrage, empêchant leur dérive, les « Sea Trees » demeurent en revanche totalement inaccessibles aux humains. Les espèces présentes ne seront ainsi pas dérangées et pourront redévelopper une chaîne alimentaire complète. L'idée est venue d'un projet aux Pays-Bas où des écologistes avaient demandé l'insertion d'habitats pour des espèces animales que les habitants ne puissent pas indisposer. La technologie, quant à elle, provient paradoxalement de l'exploitation pétrolière et de réservoirs flottants utilisés en Norvège.
Pour le financement, le cabinet Waterstudio.NL propose d'ailleurs que ce soient les groupes pétroliers qui offrent des arbres flottants à des municipalités en gage de leur considération environnementale. Le coût estimé d'un seul îlot est de 4,5 millions de dollars (3,4 M€) et le premier pourrait être installé dès 2014.
Empilement de strates
Comme dans une forêt, où différentes couches existent, de la strate hypogée (sol) jusqu'à la canopée, les jardins suspendus et flottants de Koen Olthuis comptent différents niveaux afin d'héberger des espèces variées : insectes, oiseaux, mammifères volants (chauve-souris) et même poissons et crustacés sous la ligne de flottaison. On remarque l'édification de chaînes alimentaires complètes avec la présence de prédateurs à leurs sommets (oiseaux de proie, squales).
Intérieur
L'intérieur de la structure aérienne du "Sea Tree" telle qu'elle ne sera jamais vue par des humains, dont la présence n'est pas souhaitée.
Chaque arbre-jardin présente un puits de lumière qui constitue un accès privilégié pour les espèces nidificatrices, ainsi protégées de l'environnement urbain tout proche. L'ouverture fait également office d'impluvium pour un arrosage naturel des plantes.
Vue sous-marine
Le "Sea Tree" offre également un refuge aux espèces aquatiques d'eau douce ou d'eau de mer : mollusques, algues, crustacés et poissons coloniseront les oeuvres vives de la structure flottante.
Impact écologique
L'impact écologique attendu d'un "Sea Tree" ancré à quelques encablures du rivage d'un quartier de New York. Permettant la nidification et la préservation de nombreuses espèces, il doit être le garant d'une biodiversité locale accrue.
Implantations multiples
Les "Sea Trees" peuvent faire partie d'un réseau de plusieurs implantés à distance les uns des autres et constituant de fait une forêt artificielle, favorisant le passage d'une structure à l'autre d'individus d'une même espèce et créant ainsi un brassage génétique favorable.
Conception
Les "Sea Trees" peuvent adapter leur morphologie en fonction du site : nombre d'étages sur et sous la surface de l'eau pour permettre une implantation en zone de lagune à faible profondeur, présence d'un réservoir d'eau douce au coeur de la structure (comme une source sur sur un îlot).
La stabilité est assurée par la présence d'un ballast dans la quille qui abaisse le centre de gravité et limite les mouvements de tangage et de roulis. Les mouvements verticaux sont également restreints.
La forme générale de la structure rappelle le "Sea Orbiter", un laboratoire océanographique flottant, de l'architecte français Jacques Rougerie.
