Le Fonds monétaire international (FMI) s'est inquiété mercredi de la formation d'une bulle immobilière dans plusieurs pays, dont l'éclatement avec la hausse des taux d'intérêt pourrait peser sur la croissance.

"La hausse formidable des prix immobiliers ces dernières années, notamment en Australie, en Irlande, aux Pays-Bas, en Espagne et en Grande-Bretagne (où les prix réels ont augmenté de 50% ou plus ces cinq dernières années), ont aiguisé les craintes d'une bulle immobilière et donc d'une éventuelle forte correction des prix", note le FMI sans son rapport semestriel.
Le Fonds souligne que les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande sont "dans une moindre mesure" concernés eux aussi.

Soulignant que la détérioration de l'immobilier est généralement lente, le Fonds appelle les autorités à "rester vigilantes, compte-tenu du niveau élevé d'emprunts hypothécaires accordés par les banques, des prix de l'immobilier qui continuent de grimper et de la récente tendance à des achats spéculatifs".
En effet, le nombre d'acquéreurs achetant pour louer a augmenté en Australie, en Irlande, en Espagne et en Grande-Bretagne, selon le rapport.

Cette augmentation est significative alors que les analystes - Réserve fédérale américaine en tête - justifient leur optimisme sur le secteur immobilier par la faiblesse de la spéculation immobilière.

Le FMI note également l'importance des prêts à taux variables dans les pays sous revue, qui "représentent un plus grand risque de défaut de paiement que les prêts à taux fixe".

Dans ce contexte le Fonds estime qu'un renversement des prix pourrait être causé "par une détérioration des fondamentaux, par exemple une hausse des taux d'intérêt, une hausse importante du chômage ou un ralentissement de la hausse de la richesse des ménages".
"Dans un environnement de taux d'intérêt bas, il y a un risque que les prix des actifs aillent au-delà des fondamentaux", et une hausse de taux pourrait perturber les marchés financiers et "peser sur la reprise", note le Fonds.

Il souligne que le coût d'une correction immobilière risque d'être élevé, avec un ralentissement non négligeable de la croissance. "Les estimations suggèrent qu'une baisse de 10% des prix des logements va de pair avec un déclin de 0,5% de la consommation" dans les pays riches.

Le Fonds souligne que le niveau très bas de l'inflation pourrait "paradoxalement" augmenter les risques pesant sur le secteur, et que tous s'accordent à dire combien la politique monétaire est mal armée pour s'attaquer aux bulles.
"Mais il y a peu d'accord sur ce qu'il faudrait ou pourrait être fait à la place", note le FMI.

"Le problème devrait figurer haut dans les priorités des responsables de la politique monétaire", ajoute le Fonds, qui suggère de passer en revue les infrastructures des marchés immobiliers dans les différents pays.
L'idée serait "de voir si certaines caractéristiques, comme les pratiques des prêteurs ou les contraintes pesant sur l'offre, sont allées de pair ou ont exacerbé des bulles dans le passé, pour aider à mettre en place des réformes qui éviteraient qu'elles se répètent à l'avenir".

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