Sanaa, sans ostentation

 

Des caractéristiques qui s'inscrivent dans l'architecture même de Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, partisans de l'esthétique de la disparition. Le plus bel exemple : leur dernière réalisation, le musée du Louvre-Lens inauguré début décembre 2012. L'idée n'était pas bien sûr d'effacer l'infrastructure, mais de la mettre au service de son environnement : "Le Louvre Lens, ce n'est pas seulement l'expérience d'un édifice mais aussi celle d'un paysage, des objets d'art. Et c'est cet ensemble qui porte le charme"", expliquait Ryue Nishizawa, ce mercredi 12 février, lors d'une table ronde au Louvre de Paris sur le thème "Dessiner les musées". Résultat : un projet en apparence simple mais pas simpliste.

 

Un peu à l'image de leur tandem qui aime se partager mutuellement la parole, leur réalisation ne cannibalise en rien les sites sur lesquels ils s'implantent. Au contraire. L'objectif est de laisser respirer chaque espace de manière subtile : "L'idée est de générer quelque chose de nouveau : reflet du paysage dans le verre, création d'une activité", analyse Ryue Nishizawa. Et Kazuyo Sejima de compléter : "Nous voulons faire des édifices qui donnent envie et éveillent l'imagination de chacun".

 

Des musées de Lens à Nagano
Et si les architectes mettent en scène des réalisations pures et simples, ils n'en oublient pas de leur donner de la profondeur via la lumière, la spacio-temporalité. Et le petit effet est là : des façades qui prennent vie et s'animent en fonction du temps et des périodes de la journée comme au Louvre-Lens où l'expérience sera renouvelée à chaque passage selon la météo, les saisons, etc. Outre ce dernier, Sanaa a posé sa griffe sur de nombreux autres musées : le O-Museum à Nagano en 1999, le musée d'art contemporain du 21ème siècle à Kanazawa, ou encore le New Museum of Contempory Art à New-York. Leur style ? Transparent. Si les deux personnalités laissent apparaître une sincérité, leurs réalisations sont également dans la même veine. Sans tricherie.

 

Verre et effet miroir
S'amusant avec le verre et ses effets, les deux architectes dévoilent ainsi l'intérieur des bâtiments. "Une manière pour eux de laisser dialoguer les constructions avec la nature autour", confie Frédéric Migayrou, directeur adjoint du musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou. Un fil conducteur que l'on retrouve dans leurs nombreuses créations : boutiques de luxe à New York, logements et bureaux au Japon. D'ailleurs, l'architecte nippone Kazuyo Sejima confiait lors d'une visite de chantier à la Samaritaine à Paris sur laquelle l'agence travaille : "L'intérêt de la réalisation a été de réussir à créer une continuité spatiale à l'intérieur". Ouvrir sur l'extérieur : la marque de fabrique de Sanaa. Sans oublier la douceur : des formes, des pentes, des interventions urbaines.

 

Exigeants, les deux architectes ont choisi la voie du minimalisme complexe qui leur confère leur modernité. Une modernité que l'on retrouve également dans leur pratique. Etonnamment, les deux protagonistes ont conservé une certaine liberté : chacun poursuivant en parallèle des projets personnels dans leurs agences respectives. Une indépendance, sans concession…

Découvrez en pages suivantes, le diaporama présenté lors de l'attribution du Prix Pritzker en 2010 ainsi que les projets de la Samaritaine et le Louvre Lens