Lancé en novembre dernier par l'Union professionnelle artisanale (UPA), le mouvement des Sacrifiés se poursuit avec une deuxième vague de mobilisation, baptisée logiquement "Sacrifié 2". Cette fois, les artisans interpellent les maires et les candidats aux municipales, en leur réclamant des engagements concrets en leur faveur. Découvrez lesquels.
Au siège de l'UPA dans le 17ème arrondissement de Paris, les mots sont durs, à la hauteur de la déception engendrée à la suite du mouvement Sacrifiés lancé le 12 novembre dernier. "C'est un insupportable gâchis", déplore avec amertume Jean-Pierre Crouzet, président de l'UPA, dénonçant la violence passive et le mépris du Gouvernement à l'égard des artisans.
Un constat relayé depuis plusieurs mois par les professionnels qui tirent la sonnette d'alarme, chiffres à l'appui : "Six entreprises disparaissent chaque heure", précise le président de l'UPA.
Pas question donc d'arrêter la mobilisation, après avoir obtenu 900.000 signatures sur le site www.sauvonslaproximité.com, le mouvement des Sacrifiés revient et, cette fois, il interpelle les maires et candidats aux Municipales avec comme objectif de les sensibiliser à l'économie de proximité. "Nous souhaitons qu'ils s'engagent ou pas, mais qu'ils prennent position", note Jean-Pierre Crouzet. Parmi les requêtes, l'organisation insiste, plus particulièrement, sur la limitation du montant de la contribution foncière des entreprises (CFE) en évitant toute hausse du taux d'une année sur l'autre et en étalant son paiement dans certains cas, et le maintien de la diversité du tissu économique local par une politique d'urbanisme adaptée.
Créer des conditions pour embaucher
Le mouvement repart donc, et pourtant le Gouvernement semble vouloir tempérer le climat, notamment à travers le vote de la loi artisanat, commerce et très petites entreprises. D'ailleurs, Patrick Liébus, vice-président de l'UPA et président de la Capeb, nous confiait la semaine dernière que ce texte allait dans le bons sens, soulignant que les "mesures allaient limiter la concurrence déloyale et que le nouveau statut unique devrait permettre de passer plus facilement du régime simplifié au régime réel".
Outre cette loi, le pacte de responsabilité annoncé par François Hollande répond aussi à certaines attentes de l'artisanat, notamment celle concernant la baisse des coûts du travail. Mais pour l'organisation, le calendrier est "trop tardif". Elle réclame l'application du pacte rapidement, dès cette année, avec l'abandon du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) au bénéfice de la suppression de la cotisation d'allocations familiales (5,25%). Un avis qui semble éloigné de celui du Medef qui prône des échéances progressives avec la combinaison du crédit d'impôt compétitivité emploi(CICE) et la division par deux des cotisations famille d'ici à 2017. Quant aux contreparties, si le Medef ne s'avance pas pour l'instant en termes de créations d'emplois chiffrés, l'UPA privilégie le volet apprentissage tablant sur la possibilité d'atteindre 500.000 apprentis d'ici à 2017. Cependant comme le rappelle, Patrick Liébus, "plus qu'un pacte de responsabilité, il faut instaurer un pacte de confiance". Et de poursuivre : "L'emploi ne se décrète pas. Il faut avoir des conditions pour le maintenir et le créer". Autant de sujets et de points de vue qui devraient alimenter la réunion syndicale et patronale du 28 février autour du pacte de responsabilité.