Les logements répondant à la nouvelle réglementation connaîtraient quelques ratés. C'est le propos de l'enquête menée par 60 millions de consommateurs, qui dresse les points noirs des équipements dits "RT 2012" et met l'accent sur le fait que l'utilisateur est trop souvent mis en cause. Explications.
"Dire que c'est le bâtiment qui décide pour vous, c'est fatiguant !", résume l'auteur de l'article publié ce mois dans 60 millions de consommateurs, intitulé « Les ratés des logements économes ». Son propos, qui est de tirer un bilan basé sur les retours d'expérience des pionniers, met en lumière quelques dysfonctionnements liés à l'application stricte de la nouvelle réglementation.
Percer un mur : un casse-tête ?
Ainsi, plusieurs postes sont pointés du doigt par les professionnels du logement interrogés par le magazine, Céquami et Habitat 76 en tête. A commencer par l'isolation. L'occupant d'un logement ne pourrait-il plus avoir le droit de percer dans ses murs afin d'accrocher un tableau ? Le bailleur social de la Seine Maritime, qui a fait le choix de généraliser l'isolation par l'extérieur (ITE), se félicite aujourd'hui d'avoir opté pour cette solution et éviter l'ITI avec membrane. "Si la feuille de plastique qui enveloppe l'isolant est juste derrière le mur du logement, il faut interdire au locataire de faire des trous. Pas facile à faire passer comme message !", commente Fanny Guibert, l'auteur de l'article. Si l'ITE est monnaie courante dans le logement collectif, en revanche, elle est peu utilisée en maison individuelle "à cause de son coût et des points à traiter comme le vide-sanitaire, le tableau des fenêtres, la liaison avec la toiture", explique Christophe Bonnavent, directeur général de l'organisme de certification des maisons individuelles Céquami. Membrane ou pas, pas facile alors pour l'occupant de savoir s'il peut percer sans risque…
Pour des équipements "simples et robustes"
Autre équipement qui fait unanimement polémique : la ventilation, et notamment la VMC double flux trop contraignante en entretien et trop bruyante. Les panneaux solaires sont aussi cloués au pilori de cette enquête : ils ne donneraient pas toujours entière satisfaction, notamment en logement collectif, tant au niveau de la conception qu'à l'entretien. Enfin, l'enquête évoque aussi le problème de l'orientation du logement - la conception bioclimatique de l'habitat étant le pilier de la RT 2012, et préconise une orientation au Sud, ndlr. Plein Sud, oui, mais lorsque le logement est situé en région sud, ce n'est pas toujours vivable, soulignent les professionnels, surtout si la protection solaire n'est pas adaptée.
Surtout ce qui est mis en avant dans cette enquête, et ce sur quoi veulent insister les professionnels de l'habitat, et notamment les bailleurs sociaux, c'est la stigmatisation du consommateur, jugé trop souvent seul responsable quant aux consommations de son logement. "Il fait partie d'une chaîne, de la conception à l'utilisation", clame Catherine di Costanzo (Habitat 76). Et d'insister : "Quant aux équipements, il faut qu'ils soient adaptés aux ménages, pas l'inverse ! ". Avec les autres bailleurs, elle appelle "à raisonner en coût, pas en kWh (…) Et il faut privilégier les équipements simples et robustes ". A bon entendeur…