CONSTRUCTION. Le recours à un béton léger faisant craindre des effondrements dans un millier d'établissements scolaires a provoqué un scandale outre-Manche. Les aéroports londoniens de Heathrow et Gatwick ont annoncé avoir eux aussi détecté ce matériau au sein de leurs installations.

Le béton n'est pas à la fête outre-Manche. Fin août, le gouvernement britannique a annoncé qu'un millier d'établissements scolaires bâtis avec un béton défectueux, et faisant craindre des effondrements, ne pourraient rouvrir leurs portes pour la rentrée scolaire. Après avoir provoqué un scandale au Royaume-Uni, ce béton poreux continue à faire parler de lui ces derniers jours : les aéroports londoniens de Heathrow et Gatwick ont annoncé avoir détecté ce matériau au sein de leurs installations.

 

 

En cause : un béton utilisé pour la construction de bâtiments publics au Royaume-Uni mais aussi dans d'autres pays d'Europe, entre les années 1950 et le milieu des années 1980, moins onéreux mais aussi plus léger. Le problème est en réalité connu depuis des années et des travaux de modernisation ont été lancés dans un certain nombre d'écoles, mais le gouvernement a constaté qu'une centaine d'entre elles n'avaient toujours pris "aucune mesure" et leur a donc demandé de "libérer les espaces ou les bâtiments connus pour contenir" ce type de béton.

 

"Le gouvernement est au courant de la présence de (ce béton poreux) dans les bâtiments du secteur public depuis 1994", explique le ministère britannique de l'Éducation dans un communiqué consulté par Batiactu. En 2018, ce dernier a publié "des lignes directrices à l'intention des écoles sur la nécessité de mettre en place des mesures d'urgence adéquates au cas où les bâtiments concernés par (le béton) devraient être libérés dans un bref délai".

 

Reconstruction et sécurisation des écoles

 

Une cinquantaine d'établissements ont déjà reçu un soutien financier pour instaurer des mesures spécifiques, notamment l'ouverture de locaux temporaires. Si la majorité des écoles devrait rester ouverte, avec des cours en présentiel au sein des locaux existants, une minorité devrait malgré tout être partiellement voire totalement transférée vers des sites alternatifs. L'exécutif britannique assure en outre avoir dépêché des "experts" de la construction et de l'immobilier dans les écoles concernées pour faire le point sur la situation.

 

"Depuis 2015, 15 milliards de livres sterling (environ 17,5 milliards d'euros) ont été investis pour assurer la sécurité et le fonctionnement des écoles, tandis que les bâtiments de 500 écoles seront transformés au cours de la prochaine décennie grâce au programme de reconstruction des écoles. Les environnements dans les conditions les plus déplorables et ceux présentant des problèmes de sécurité potentiels sont prioritaires, y compris certains désormais connus pour contenir (le béton poreux)", complète le ministère.

 

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a précisé que 95% des quelque 22.500 écoles que compte l'Angleterre sont épargnées par ce problème. De fait, si seulement 5% des établissements scolaires sont impactés, cela équivaudrait à 1.125 bâtiments défectueux. "Comme nous attendons toujours que des écoles communiquent leurs études et confirment leur situation, nous ne pouvons pas être plus affirmatifs", a ajouté le porte-parole du chef du gouvernement.

 

Inspections structurelles

 

Depuis, d'autres révélations portant sur des hôpitaux ou des tribunaux ont été faites, la dernière en date concernant des aéroports. Les deux "hubs" (plateformes multimodales) du Royaume-Uni que sont les aéroports d'Heathrow et de Gatwick ont effectivement découvert ce béton problématique dans leurs constructions.

 

"Le secteur est conscient" de la présence de ce béton dans certaines installations et avait déjà "pris les mesures correctives qui s'imposent dans les bâtiments" touchés, a expliqué Heathrow dans une déclaration transmise à l'AFP. "Comme beaucoup d'autres (entreprises), nous avons évalué notre patrimoine immobilier et continuerons d'atténuer les risques là où ce matériau est trouvé." Dans le cas d'Heathrow, c'est au sein du terminal 3 de l'infrastructure que le béton poreux a été découvert.

 

 

L'aéroport de Gatwick affirme être également conscient de la présence de ce matériau dans ses murs, sans pour autant que ses responsables ne se montrent particulièrement inquiets. "Nous disposons d'un registre des emplacements" concernés dans l'aéroport et ceux-ci "sont étroitement surveillés par le biais d'un régime régulier d'inspection structurelle complète", indiquent les autorités du site dans une communication envoyée à l'Agence France Presse. "Notre inspection la plus récente, en juin 2023, n'a soulevé aucune préoccupation et nous continuerons à effectuer une surveillance régulière."

 

D'après des spécialistes interrogés par le Financial Times, qui a révélé la présence de ce béton dans les aéroports outre-Manche, ce dernier, s'il peut être préoccupant dans des bâtiments mal entretenus, serait en revanche beaucoup moins menaçant dans les infrastructures aéroportuaires. En effet, celles-ci ont tendance à consacrer davantage de moyens à leur entretien que le gouvernement à ses bâtiments publics, ce qui constitue d'ailleurs l'un des angles d'attaque de ses opposants.

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