RETOUR D'EXPERIENCE. Un an après l'installation du premier kilomètre de chaussée photovoltaïque à Tourouvre (Orne), le tronçon routier Wattway livre ses premiers enseignements. Il produit bien de l'électricité, s'avère robuste mais présente un léger inconvénient : le roulement des véhicules fait trop de bruit. Au point qu'il a fallu réduire la limite de vitesse sur l'axe. Explications.

Inauguré voilà un an par Ségolène Royal, l'initiatrice du développement des routes solaires en France, le premier tronçon Wattway fonctionne bel et bien. Les 2.800 m² de panneaux solaires durcis, collés sur le bitume d'une départementale de l'Orne, ont produit de l'électricité : 149,4 MWh exactement. Un chiffre qui n'est toutefois pas à la hauteur des espérances de Colas (filiale de Bouygues) et du CEA Tech, co-inventeurs de la technologie, puisque cette production n'atteint que 53 % de l'objectif fixé.

 

 

Des watts et des décibels

 

Mais, selon Etienne Gaudin, le directeur du projet, il est nécessaire de prendre certains facteurs en considération : cette première installation d'envergure, a par exemple connu des problèmes de jeunesse. Des panneaux ont par exemple disjoncté lors d'un épisode orageux, entraînant par la suite une baisse de production du tronçon. En ne considérant que les dalles ayant fonctionné de manière continue, la quantité produite dépasse les 85 %. Du côté de la solidité des panneaux, Wattway se montre particulièrement satisfait : 95 % des capteurs ont résisté à cette première année.

 

La réelle découverte vient d'ailleurs, comme l'explique le maire de Tourouve à l'AFP : "J'ai été surpris quand j'ai roulé dessus. Ca fait un vacarme, un peu comme si on roulait sur des pavés". Conséquence de ce bruit de roulement accru, la limitation de vitesse a été localement abaissée à 70 km/h, afin de limiter les nuisances pour les riverains. Cependant, comme le confie l'édile Guy Monhée, "en dehors des quelques riverains, les usagers ne s'en plaignent pas". Aucun incident lié à une mauvaise adhérence n'est donc à déplorer.

 

Une solution commerciale prête en 2019

 

 

Confiante en sa technologie, l'entreprise Colas travaille donc à améliorer ses panneaux solaires routiers, notamment pour limiter le phénomène d'encrassement constaté à proximité de champs agricoles. Elle cherche également à améliorer la production de l'installation lorsque le soleil est bas sur l'horizon : les panneaux ne sont en effet pas orientés de façon optimale. Wattway espère être en capacité de commercialiser sa solution "au début de 2019", précise Etienne Gaudin, moyennant toutefois une nécessaire forte baisse des coûts. L'installation de Tourouvre avait en effet été soutenue par l'Etat à hauteur de 5 M€ HT.

 

Rappelons que les panneaux photovoltaïques sont produits depuis 2016 par l'entreprise SNA, située à proximité de ce tronçon. D'autres sites, de moindre envergure, avaient été équipés auparavant, afin de tester les premiers modules durcis à Marseille, Grenoble, Chambéry et Magny-les-Hameaux, dans l'enceinte d'établissements du CEA (Ines) ou de Colas. Aujourd'hui, d'autres zones de tests sont utilisées, notamment à la Réunion, mais également à l'étranger, en Amérique du Nord et au Japon. Ségolène Royal avait promis, il y a exactement deux ans, que 1.000 km de routes françaises seraient recouverts de capteurs solaires d'ici à 2021. Il reste donc quatre ans pour déployer les autres 999 km et résoudre les quelques soucis techniques rencontrés.

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