Il réalise des textures minérales ou cosmiques à partir de gestes gravés. Romain Taieb sculpte le béton pour en faire des matrices capables de produire des panneaux sur-mesure pour toutes sortes de bâtiments. Rencontre.
Texturologue. C'est par ce terme du plasticien Jean Dubuffet que Romain Taieb, sculpteur passionné par l'art brut, aime se définir. Dans son atelier de Montreuil (Seine-Saint-Denis), les tableaux se regardent et se touchent. Il s'agit de matrices de béton. Leurs textures représentent le minéral, le végétal, l'érosion… De ces panneaux, il produit des matrices de coffrages qu'il propose, sur-mesure, aux architectes, architectes d'intérieur ou encore professionnels du carrelage. Dans son atelier, véritable «laboratoire de matières», le texturologue réalise des gestes manuels «que l'on trouve partout, et qui peuvent être répétés à l'infini». Les matrices seront ensuite utilisées sur toutes sortes de chantiers, notamment pour des parements intérieurs ou extérieurs.
Après avoir fait les Beaux-arts et exposé dans quelques galeries, Romain Taieb commence à travailler autour des moulages. «Je travaillais les matières un peu spéciales comme le caoutchouc. C'est à ce moment que l'on a commencé à me contacter pour réaliser des vitrines de magasins». Il utilise alors le caoutchouc pour produire des décors en volume et en relief afin de mettre en valeur les produits dans les vitrines. «Je me suis demandé comment adapter ce procédé autrement, c'est à ce moment que j'ai découvert la matrice», explique t-il. Il se lance alors dans la création de matrices pour les coffrages de béton.
Gestes gravés
«La matrice a trop longtemps été associée à ces grands panneaux verticaux que l'on trouve sur les autoroutes», estime Romain Taieb pour qui «dans les années 1970, lorsque l'on a beaucoup utilisé les matrices, il y avait de très bonnes idées dans le travail du béton, notamment à travers la volonté de le laisser apparent», estime t-il. Par ses matrices, modèles uniques faits à la mains et duplicables à l'infini, il veut «amener un geste manuel et artistique qui valorise le bâtiment, qui lui donne un impact».
Avec sa société Soft Matrix, Romain Taieb fournit des panneaux matricés en différents matériaux à partir de moules en latex. «Mes textures n'ont pas de centre, pas de sujet, elles sont un continuum et peuvent se développer sur toute forme de support». Romain Taieb, qui travaille «à partir de gestes gravés» mais aussi de toute forme de matériau, est un peu comme un sculpteur qui décore les bâtiments et crée des parements uniques mettant en valeur les projets des architectes. «Je vois les matières comme des tableaux : si un architecte en aime une, il choisit de l'utiliser pour mettre en valeur son bâtiment».
Textures
Atelier
Matrices
Couleurs
La matrice et le panneau de béton
Rouleau
Les matrices en latex sont facilement transportables, peu importe leur format.
Bâtiment matricé
Romain Taieb travaille en collaboration avec les architectes sur des projets précis, mais également pour des industriels produisant des matrices de coffrage, comme ici pour la société Reckli.
Bâtiment matricé
Romain Taieb travaille en collaboration avec les architectes sur des projets précis, mais également pour des industriels produisant des matrices de coffrage, comme ici pour la société Reckli.