Le directeur associé de la BEI explique que trois types de financements existent chacun adapté à un type de projet : "Corporate finance" pour les plus risqués (55 % des cas), "Project finance" pour les gros projets à faible risque (40 %), et "Bonds" surtout utilisé aux Etats-Unis (5 %). "L'accès aux financements à moyen terme est plus difficile", note Juan Alario, qui évoque l'accès restrictif au financement bancaire. C'est pourquoi, selon lui, l'option "project bonds" pourrait se développer à l'avenir, tout en insistant également sur le grand rôle espéré de nouveaux investisseurs institutionnels. "La BEI et les autres banques publiques jouent un rôle important !", rappelle-t-il. A elle seule, elle finance les projets européens dans les énergies renouvelables à hauteur de 5,5 Mrds € chaque année.
Ne négliger aucune piste
Chantal Jouanno, ancienne ministre de l'Environnement et ex-présidente de l'Ademe, a, quant à elle, insisté sur le rôle des politiques dans le financement des énergies renouvelables. "En termes économiques, la biomasse et le Fonds chaleur sont plus intéressants que le photovoltaïque. Mais ce serait faire fi des développements futurs et des possibilités d'exportation. Car le marché solaire mondial est colossal et ne doit pas être ignoré. Le potentiel marin est également souvent oublié, or la France dispose de la 2e zone maritime mondiale. Notre pays dispose donc d'atouts considérables, mais la question se pose plus largement au niveau européen", déclare la sénatrice de Paris. Pour elle, les politiques doivent aider les EnR : "La puissance publique est légitime à intervenir pour soutenir la R&D, ou pour financer le réseau". Elle souhaite pour sa part voir apparaître un équivalent de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier, née en 1952) dans le domaine des renouvelables.
"La difficulté consiste à garantir un taux de rendement interne et pas une stabilité des tarifs", martèle Chantal Jouanno, qui conclut : "Peut-être le système des appels d'offres est-il plus pertinent que les tarifs de rachat qui sont une usine à gaz". L'ancienne ministre estime qu'en termes d'énergie,k il ne faudra se priver d'aucune piste, et qu'il est dommage que le débat actuel autour de la transition énergétique se limite à un antagonisme éolien contre nucléaire.
L'éolien offshore sur le devant de la scène
Lundi, lors d'un déplacement à Saint-Nazaire sur le site de la future usine Alstom, le Premier ministre avait évoqué les énergies renouvelables dans son discours : "Et quant à la filière des énergies marines, les énergies marines renouvelables en France, elle est soutenue aussi par un tissu industriel local pour l'éolien offshore. C'est une des priorités sur lesquelles sont mobilisés les investissements d'avenir". Jean-Marc Ayrault a notamment confirmé les objectifs de production : "En ce qui concerne (...) l'évolution des coûts, ainsi que les modalités de financement des énergies renouvelables, il sera nécessaire aussi que les règles du jeu soient stables, et qu'elles portent aussi, je dirais, une efficacité économique. Il faut tirer la leçon de ce qui s'est passé il y a déjà des mois de cela, concernant la filière du photovoltaïque où des changements de posture ont destabilisé le secteur économique".