Le ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, a réagi par communiqué de presse à un article du Monde l'accusant de "mélange des genres". Il se défend point par point.
Le ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, a fait publier mardi 30 mai un communiqué de presse dans lequel il "réfute et condamne tous les soupçons" d'une enquête publiée par le journal Le Monde. Dans celle-ci, le quotidien accusait le nouveau ministre de "mélange des genres" entre affaires privées et vie publique.
Le Monde affirme ainsi que Richard Ferrand, directeur général des Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012, "a fait bénéficier de plusieurs contrats des proches, dont son ex-femme et sa compagne". "Député socialiste, il a déposé une proposition de loi favorisant les intérêts du monde mutualiste alors qu'il était toujours rémunéré par celui-ci. Par ailleurs, il a embauché comme assistant parlementaire, sans le signaler, le compagnon de celle qui lui a succédé à la tête des Mutuelles de Bretagne, écrit encore le quotidien.
Un ministre qui n'a "rien à cacher"
Des "allégations" auxquelles Richard Ferrand a voulu "répondre point par point", affirmant dans son communiqué n'avoir "rien à cacher ni à craindre de la transparence". Concernant sa première épouse, artiste-plasticienne, le député du Finistère assure ainsi n'être "jamais intervenu pour qu'elle obtienne un quelconque contrat". "Sur le soi-disant conflit d'intérêts entre (s)on activité professionnelle de chargé de mission au sein des Mutuelles de Bretagne et (s)on mandat de député", le ministre rappelle avoir effectivement "participé aux débats sur une proposition de loi en 2012 relative aux réseaux mutualité", mais souligne n'avoir "pas déposé d'amendement". "Devais-je m'abstenir de défendre un principe pertinent et dans le sens de l'intérêt général au prétexte que je connais bien le sujet ?", s'interroge cet ancien socialiste qui fut l'un des ralliés de la première heure à Emmanuel Macron.
Enfin, le ministre défend sa volonté d'avoir conservé son poste de chargé de mission de cette mutuelle, "toujours déclaré à la HATVP" (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique), pour lequel il a "perçu jusqu'à fin 2016 une rémunération de 1.250 euros net par mois". "J'observe que des centaines de députés ou sénateurs conservent également et parfois pleinement leur activité professionnelle, ce qui me paraît totalement bénéfique par opposition à celles et ceux qui ne vivent que de la politique", plaide-t-il.
Une association anti-corruption dépose plainte
Richard Ferrand se défend donc sur cette deuxième affaire, alors même que sa situation semble se dégrader sur le front de la première, dévoilée par le Canard enchaîné la semaine dernière. En effet, l'association Front républicain d'intervention contre la corruption (FRICC) a annoncé son intention de déposer une plainte en début de semaine prochaine auprès du procureur de Brest, pour délit d'entrave aux fonctions de commissaire aux comptes. Elle estime que les Mutuelles de Bretagne et leur directeur de l'époque Richard Ferrand auraient dû faire valider le montage immobilier permettant à la SCI de sa compagne de louer un local au réseau mutualiste par les commissaire aux comptes, ce qui n'a pas été le cas.
Pour rappel, en 2011, les Mutuelles de Bretagne, dont Richard Ferrand était le directeur général, avaient souhaité louer des locaux commerciaux à Brest (Finistère) pour ouvrir un centre de soins et avaient choisi, entre trois propositions, celle d'une société immobilière appartenant à la compagne du nouveau ministre. Cette dernière, selon l'hebdomadaire, monte alors très rapidement une société civile immobilière (SCI) et la promesse de location lui permet d'obtenir un prêt bancaire équivalent à la totalité du prix de ces locaux "en mauvais état". Outre une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184.000 euros, toujours selon Le Canard, la valeur des parts de la SCI "a été multipliée par 3.000" six ans plus tard.
Un acte "non délictuel", selon le porte-parole du gouvernement
Certains opposants au mouvement En Marche ! ont sauté sur l'occasion pour demander la démission du ministre, comme Marine Le Pen (Front national), Christian Jacob (Les Républicains) ou encore Bernard Accoyer (LR). Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a immédiatement affirmé qu'"il ne saurait être question" de la démission de Richard Ferrand. "La probité du ministre n'est en rien remise en cause", a-t-il ajouté lors du compte-rendu du Conseil des ministres. "Il n'y a pas de mise en cause par Le Canard enchaîné de Richard Ferrand. Il y a une information que Richard Ferrand lui-même ne conteste pas, qui relève d'un acte qui n'est pas délictuel, ni pénal, d'un acte de droit commun." Par ailleurs, sur l'information selon laquelle il a employé son fils comme assistant parlementaire pendant quatre mois au SMIC, le nouveau ministre a dit sur France info ce mercredi, le regretter, démentant toutefois fermement tout emploi fictif.
D'après la radio, le parquet national financier ne devrait pas ouvrir d'enquête sur ce sujet, tandis que ce mercredi soir, Les Républicains annonçaient pourtant qu'ils allaient saisir formellement le procureur de la République et le procureur national financier à ce sujet.