NOMINATION. Richard Ferrand prend la tête d'un ministère de la Cohésion des territoires, qui couvre notamment les domaines du Logement et de la politique de la Ville. Lors de sa passation de pouvoir avec Emmanuelle Cosse, il a annoncé une "stabilisation législative" pour le logement et a répondu à l'inquiétude sur l'absence d'un ministère du Logement à proprement parler.
Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement En Marche !, est nommé ce mercredi ministre de la Cohésion des territoires. Son portefeuille couvrira les questions du Logement et de la politique de la Ville.
"Simplification", "stabilité législative" et "amplifier la dynamique"
Lors de sa passation de pouvoir avec Emmanuelle Cosse, ce dernier a annoncé une "stabilité législative sur le logement" : "le cadre législatif a été posé, l'enjeu est de parfaire ce qui a été mis sur les rails et d'accompagner la dynamique lancée." Alors que de nombreuses voix se sont élevées et s'inquiétaient de ne pas voir un ministère de plein exercice réservé au logement, lors de l'annonce du Gouvernement, le nouveau ministre de la Cohésion des territoires a tenu à affirmer avec force : "Le logement a un ministre de plein exercice... c'est moi!" Une phrase que les représentants du secteur présents ont salué : "c'est la phrase que l'on attendait.""Concevoir la cohésion nationale et territoriale, sans y inclure le logement risquait d'être moins efficace, a ajouté le ministre. Le logement n'est pas minoré, il est au contraire mis au cœur même d'une politique qui veut précisément faire en sorte que partout en France tout le monde puisse accéder au logement (...)[le logement est] au cœur de la cohésion territoriale" "
"Le logement a un ministre de plein exercice... c'est moi!"
"Simplifier et amplifier la dynamique du logement" : voilà donc la feuille de route du nouveau ministre qui a déclaré avoir hâte de se mettre au travail - "Les chantiers n'attendent pas !" - et qui est reparti de cette passation de pouvoir un dossier vert à la main, contenant le courrier rédigé par Emmanuelle Cosse à son successeur. Quelques minutes plus tard, lors de sa passation de pouvoir avec Patrick Kanner, le nouveau ministre a une nouvelle fois rassuré sur l'implication de son ministère, que cela soit à la ville ou au logement : "Le terme générique de 'cohésion des territoires' a un défaut mais une qualité, a-t-il assuré. Le défaut est qu'il s'agit d'un terme abstrait. Mais il va de soi que la politique de la ville, le logement, l'aménagement du territoire... tout cela se devait d'être ensemble pour que l'action publique soit plus efficace."
Qui est Richard Ferrand ?
Compagnon de route d'Emmanuel Macron, leurs chemins se sont croisés le 3 octobre 2014 : Richard Ferrand, député PS du Finistère, est alors nommé en mission temporaire aux côtés d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, dans le cadre de la réforme des professions dites réglementées du droit et de la santé. Nommé, à l'été 2015, rapporteur général de la loi Macron pour la Croissance, l'Activité et l'Egalité des chances économiques, Richard Ferrand a ensuite été le premier parlementaire à rejoindre le mouvement En Marche ! dès sa création, en avril 2016. Né en 1962 à Rodez dans l'Aveyron, Richard Ferrand a entamé sa carrière professionnelle en tant que journaliste pigiste après des études d'allemand et de droit à l'université Toulouse-I-Capitole et à Paris-Descartes. De 1988 à 1990, l'Aveyronnais devient directeur adjoint d'une agence de graphisme de presse, puis crée un cabinet de conseil en communication. Adhérent du Parti socialiste dès l'âge de 18 ans, c'est à partir de 1991 qu'il fait ses premiers pas en politique en rejoignant le cabinet de Kofi Yamgnane, secrétaire d'Etat aux Affaires sociales et à l'Intégration de François Mitterrand. Il deviendra par la suite son conseiller spécial.
Elu dans le Finistère en 2012
Par la suite, Richard Ferrand emménage à Hanvec (Finistère) et s'intéresse au cas des Mutuelles de Bretagne, qu'il parvient à redresser lors de son passage en tant que directeur, en 1998. Élu conseiller général de Carhaix, réélu en 2004, il est chargé de l'insertion, de l'économie sociale et solidaire. Il accède au rang de conseiller général de Bretagne en 2010, au côté de celui qui deviendra le ministre de la Défense de François Hollande, Jean-Yves Le Drian. Elu député de la sixième circonscription du Finistère en 2012 après un échec en 2007, il devient alors membre du groupe Socialiste, Radical et Citoyen et siège à la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Désormais ministre, Richard Ferrand ne sera donc pas candidat aux législatives dans sa circonscription, comme il l'avait précédemment annoncé.
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Emmanuelle Cosse, ex-ministre du Logement, a fait part dans un premier temps de sa déception et de sa surprise au Figaro. "Il est difficile de porter une vraie politique du logement sans ministère de plein exercice", a-t-elle affirmé. "Lorsque le logement est en crise, on en parle. Et dès que ça va mieux, tout le monde oublie. Or, c'est justement dans ces moments-là, qu'il est faut mettre un coup de collier. [...] Le logement parle aux gens, la cohésion des territoires, moins. Un travail pédagogique de la part de Richard Ferrand sera nécessaire."
Lors de la passation de pouvoir, lors de laquelle elle a été longuement et chaleureusement applaudie, Emmanuelle Cosse a déclaré à son successeur lui laisser un "édifice solide et cohérent", avec un espoir : "que cet édifice soit consolidé et agrandi", espérant que le fait que ce ministère ne soit pas de plein exercice "ne le pénalise pas".
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Le quinquennat, "intense du point de vue législatif et réglementaire", s'achève sur une "situation redressée et favorable, grâce à un délicat équilibre qu'il [lui] revient désormais de protéger", a-t-elle notamment déclaré à son successeur. Pas moins de sept textes législatifs relatifs au logement ont été pris pendant le quinquennat, qui ont permis une "refondation durable des politiques du logement et de l'aménagement durable". S'adressant à son successeur : "Il s'agit d'acquis sur lesquels vous pourrez sereinement appuyer vos actions". "Nos politiques ont produit leurs effets", a-t-elle affirmé. Des chantiers restent, pour "gagner la bataille du logement abordable en France" et Emmanuelle Cosse de rappeler qu'il lui faudra encore accompagner les révolutions numérique et écologique du secteur et notamment, permettre la démocratisation et la généralisation de la rénovation des logements.