Concernant l'aspect social, le président de la FFB déclare : "Nous sommes au cœur des discussions sur la réforme de l'apprentissage où le BTP représente 25 % des effectifs. Nous nous félicitons de la péréquation avec les régions, qui permet de ne pas tout concentrer dans les grandes métropoles". Cette mesure autorise en effet les régions à aider financièrement les centres de formation des plus petites villes, aux effectifs moins nombreux et aux formations plus chères par élève. "Nous sortons de discussions ubuesques avec le gouvernement précédent autour des 35 heures pour les apprentis... Et nous avons enfin été entendus, le bon sens prévaut. Le temps d'apprentissage devrait être ajusté sur l'activité de l'artisan, 39 ou 40 heures, avec rémunération et assurance", révèle Jacques Chanut. Toujours sur la formation, il s'est dit dubitatif par la collecte des cotisations par l'Urssaf et la redistribution par la Caisse des dépôts et consignations. Il craint une démarche trop centralisatrice, bloquante, et donne l'exemple du RSI, où le service n'a pas été assuré. Les conventions collectives de branches ont été "élaguées", et leur nombre ramené de 44 à seulement quatre. "Des conventions régionales ont été mises de côté mais cela ne remet pas en cause le dialogue social territorial", précise la FFB.
Interrogé sur la loi ELAN, le président Chanut répond : "C'est un vaste sujet qui concerne le logement social, les normes, le permis de faire, les objectifs de résultats, les recours abusifs, l'accessibilité… Tout cela va dans le bon sens mais il s'agit de mesures structurelles à effets non immédiats". Le Plan de rénovation énergétique des bâtiments, par exemple, ne semble pas totalement le convaincre : "Quel budget ira avec ? Vu le prix de l'énergie, le coût des travaux ne sera jamais remboursé. Il faut donc soutenir ces rénovations. Or, pour l'instant, il n'y a aucune ligne budgétaire pour ça. C'est très bien sur le papier, mais il faudra voir comment cela sera mis en œuvre". Sur la transformation du CITE en prime en 2019, il précise : "Dans une logique purement budgétaire, il n'est prévu que 900 M€ alors que le crédit d'impôt atteignait les 1,5 Mrd €. Cela aura forcément un impact sur le marché". Jacques Chanut évoque une certaine crainte de revenir au climat des affaires de 2011-2012 : "Par des mesures d'économie et de rognage, le marché a été bloqué en 18 mois. Il a ensuite fallu 4 ans pour redémarrer l'activité. Ne répétons pas les mêmes erreurs !".
Autre sujet d'interrogation, la carte professionnelle du BTP : "Nous en sommes à 1,16 millions de cartes déployées, avec 1,2 million en ligne de mire. Elle s'installe, mais il y a une méconnaissance de son obligation, surtout de la part des petites entreprises qui travaillent chez les particuliers". Parmi les effets positifs, le président de la FFB note que davantage de travailleurs détachés sont désormais déclarés et que le dispositif limite la fraude. Mais il déplore le trop faible nombre de contrôles sur les plus petits chantiers. Quant à l'évolution souhaitée du RGE, Jacques Chanut répond : "Le rendre plus lisible ? Oui, très bien. Mais le problème ce sont les fausses entreprises RGE, qui falsifient des papiers. Ces fraudeurs pénalisent les entreprises qui elles respectent les règles". Sur la formation continue, il signale des discussions sur FEEBat Rénove afin de maintenir l'accompagnement des entreprises. Le président de la FFB fait valoir : "Le problème des petites boîtes pour se former c'est que ça coûte cher. Mais s'ils ne sont pas formés, comment tenir les objectifs d'amélioration de la qualité et de respect des normes lors des mises en œuvre ?". La fédération réclame donc, plus que jamais, du soutien pour ses entreprises et une stabilité des dispositifs en place.