Le BIM, ou maquette numérique, est un fichier numérique qui concentre l'ensemble des informations techniques d'un ouvrage. Il se construit au fur et à mesure du projet permettant de rendre compte de toutes les modifications apportées. Outil collaboratif, le BIM permet à tous les acteurs du projet d'échanger efficacement des données techniques en toute interopérabilité. Une solution d'avenir en pleine expansion qui présente de nombreux avantages.
La modélisation des données architecturales s'impose aujourd'hui comme l'équivalent des systèmes d'information techniques en vigueur dans d'autres grands secteurs industriels : automobile, aéronautique, etc. Ce recours à des outils de « maquette numérique » est d'une grande aide pour les architectes. Avec certaines solutions logicielles, les édifices sont conçus en 3D dans un modèle d'information dynamique, le BIM (Building Information Model), qui fluidifie la collaboration entre tous les acteurs de la construction (architectes, bureaux d'études, experts, géomètres, entrepreneurs, etc.). Cette maquette numérique est un fichier informatique concentrant l'ensemble des informations techniques d'un bâtiment : chaque objet le composant y est référencé (mur, dalle, ouverture, escalier, poteau, poutre, équipement, etc.) ainsi que ses caractéristiques.
« La maquette numérique existe en théorie depuis longtemps. Mais elle n'avait pas trouvé, jusqu'à présent, de support suffisant », explique Dominique Queffelec, qui conseille les managers du secteur. « Cette technologie est déjà développée en Scandinavie (notamment en Finlande) et aux Etats-Unis. Il ne s'agit pas juste d'une maquette tridimensionnelle : le modèle contient des informations supplémentaires agrégées autour de la représentation 3D ». Ainsi, la maquette virtuelle vit tout au long du projet, depuis sa conception jusqu'à son exploitation, en passant par sa construction (chantier et ses mises à jour en fonction des aménagements) et sa livraison.
Une évolution difficile
« Pour l'instant, beaucoup de projets ont recours à la maquette numérique pour l'étape des appels d'offres mais il y a plus de difficulté à passer au niveau chantier », poursuit la spécialiste. « Les modèles renseignés sont très lourds. La mise en place en France est donc difficile. Il existe des freins, en tout premier lieu la maîtrise d'ouvrage 'à la française' liée à la loi MOP (relative à la maîtrise d'ouvrage publique), peu adaptée aux évolutions numériques. Le rôle des architectes ensuite, très important dans l'Hexagone ». Pourtant cette évolution va se faire, notamment par l'apparition de nouveaux métiers comme le pilote de maquette numérique, un poste d'ingénierie.
Des chantiers en France commencent à faire appel à la maquette numérique : la Canopée des Halles (Patrick Berger et Jacques Anziutti associés à Ingerop et Bases Consultant) par exemple est un lieu d'expérimentation intéressant. La mise en œuvre de la maquette numérique a permis de répondre à l'appel d'offres en seulement 3 mois. Le projet de Fondation LVMH (Frank Gehry et Setec) fait également appel au BIM.
Des avantages indéniables
Si l'on pense immédiatement aux avantages en termes de développement durable apportés par la simulation numérique, qui permet de connaître la consommation d'énergie d'un futur bâtiment, ses émissions de gaz à effet de serre, il en existe pourtant d'autres. A commencer par l'exploitation et la maintenance de l'édifice qui sont ainsi gérés de façon raisonnable et durable. La région Bourgogne s'avère être précurseur dans le domaine en ayant commandé la saisie des données de tous les lycées construits sur son territoire. Et le conseil régional est même allé plus loin, en lançant un appel d'offres incluant la maquette numérique à toutes les étapes de la construction d'un internat au lycée Jean-Marc Boivin, sous la responsabilité de Michèle Bransolle.
« L'outil numérique va se généraliser, comme les smartphones et les GPS dont on ne peut aujourd'hui plus se passer », conclut Dominique Queffelec. « Des écoles commencent à introduire cette technologie dans leurs formations. Et les éditeurs de logiciels s'y mettent. Tekla par exemple, était déjà présent depuis longtemps dans le monde de l'architecture 3D. Sa plateforme BIMsight est la première à être proposée gratuitement et à intégrer la visualisation des conflits ainsi que l'édition des rapports ». La maquette numérique, normée IFC, est donc un outil collaboratif qui a un bel avenir devant lui.