"Beaucoup d'élus veulent faire des éco-quartiers mais ne savent pas forcément comment faire. Nous avons développé des outils pédagogiques pour leur expliquer, une approche pour qu'ils prennent conscience des enjeux et qu'ils placent les curseurs aux bons niveaux", soutient Yves Gabriel. Bouygues Construction a notamment imaginé le concept "LinkCity" de quartiers neufs. "Cela n'est pas un produit type customisé à la marge, mais une démarche partenariale, adaptée aux enjeux locaux", assure le p-dg. De nombreux projets seraient déjà à l'étude en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique du Nord et à Hong Kong. "La démarche est adaptable à l'existant, notamment aux territoires ANRU, mais elle est forcément plus complexe en centre-ville où l'on peut apporter des éléments mais où les enjeux globaux seront plus difficiles à adresser", explique-t-il. L'autre grand projet pour Bouygues construction est "B In Motion", réflexion stratégique sur les évolutions des métiers à l'ère du numérique. Pendant des solutions logicielles Catia développées par Dassault pour l'ingénierie aéronautique, cette plateforme d'échanges permettra aux différents intervenants d'un bâtiment de mieux communiquer entre eux. L'avenir est donc tout tracé pour le groupe de BTP.

 

"Challenger" un siège pensé comme une vitrine des savoir-faire du groupe :
L'imposant siège de Bouygues Construction, conçu dans les années 1980 par l'architecte irlandais Kevin Roche, a, dès l'origine, été pensé comme une vitrine pour les clients internationaux. Le groupe, bien établi en France, cherchait alors à conquérir de nouveaux marchés. Les bâtiments de verre et de béton, viennent de terminer leur transition énergétique, la construction durable étant devenue un cheval de bataille de l'entreprise. Jean-Charles Bertrand, porte-parole de Challenger, explique : "La rénovation des bâtiments devait les amener à ce qui se fait de mieux, en intégrant l'énergie, l'eau et le confort des usagers".
Challenger - géothermie
Challenger - géothermie © Grégoire Noble
Les travaux pour améliorer la performance thermique ont débuté par le remplacement de 90 % des façades vitrées par une double peau ventilée, équipée de stores mobiles faisant office de pare-soleil. Les terrasses des bâtiments ont été recouvertes de 14.000 m² de panneaux photovoltaïques, produisant près de 2.000 MWh/an d'électricité, et une ferme de panneaux solaires hybrides DualSun exploitant également la chaleur du rayonnement solaire pour la production d'eau chaude sanitaire a été installée dans le parc. Le site s'est également équipé, pour 12 M€, d'une installation complète de géothermie munie de 75 sondes verticales "sèches" (fluide glycolé) descendant à 100 mètres de profondeur, plus un doublet sur la nappe phréatique, située à 135 mètres. L'objectif visé, pour 2015, est de parvenir à faire passer le site à un bilan énergétique positif. Pour l'heure, la consommation électrique a été divisée par 10, passant de 300 à 31 kWh/m²/an, tandis que la consommation d'eau a été réduite de moitié environ, de 46.700 à 28.000 m3, grâce à la récupération des eaux de pluie et l'adoption d'un système de phyto-épuration.
L'enveloppe totale allouée pour ces travaux qui ont duré six ans, atteint les 150 M€, soit l'équivalent du prix de la construction de l'ensemble des 65.000 m² (dont 50.000 m² de bureaux) en 1988. En tout, 3.400 personnes travaillent sur ce site des Yvelines (sud-ouest de Paris), qui est triplement certifié HQE, BREEAM et LEED.

actioncl