La naissance du nouveau contrat de CDI intérimaire, issu d'un accord signé dans le cadre de la loi sur la sécurisation de l'emploi, est une étape importante dans ce secteur qui, aujourd'hui, semble marquer le pas. S'il ne concernera qu'une petite partie de l'effectif des quelque 500.000 intérimaires, ce contrat est une aubaine pour les entreprises de travail temporaire pour fidéliser leurs "salariés". Explications.
Le 10 juillet 2013, le patronat de l'intérim (Prism'emploi) et trois syndicats de cette branche (CFTC, CFDT et CGC) ont signé un accord créant un nouveau contrat de CDI intérimaire. Déjà usité en Allemagne, il va faire son apparition sur le marché de l'emploi en France, mais ne devrait, pour l'instant, concerner que 20.000 personnes, soit 4% des travailleurs en intérim.
En effet, les protagonistes se sont engagés à ne signer que 20.000 CDI sur trois ans, préférant apparemment jouer la prudence. Ce contrat est pour le moment destiné aux intérimaires aux compétences les plus pointues et recherchées, comme la métallurgie, la restauration ou l'informatique. Objectif des agences d'intérim : fidéliser ce vivier de travailleurs très qualifiés.
En effet, les protagonistes se sont engagés à ne signer que 20.000 CDI sur trois ans, préférant apparemment jouer la prudence. Ce contrat est pour le moment destiné aux intérimaires aux compétences les plus pointues et recherchées, comme la métallurgie, la restauration ou l'informatique. Objectif des agences d'intérim : fidéliser ce vivier de travailleurs très qualifiés.
Un Fonds pour assurer le salaire des nouveaux CDI
Le principe de ce contrat reposera sur un "fonds de sécurisation des parcours des intérimaires", qui sera alimenté par le versement par les entreprises de travail temporaire (ETT) de 0.5% de la masse salariale de l'ensemble des intérimaires et de 10% des salaires des intérimaires en CDI. Au final, l'effort des ETT représentera quelque 60 à 70 M€, sur un total de 90 M€ attribué à la sécurisation des parcours professionnels des travailleurs intérimaires, note Prism'Emploi, dans un communiqué. Qui ajoute : "Ce Fonds de sécurisation des parcours des intérimaires permettra notamment d'accroître les durées d'emploi des salariés intérimaires en contrat de travail temporaire. L'objectif est de majorer de 5% par an pendant 3 ans suivant l'entrée en vigueur de l'accord, correspondant à une augmentation de la durée d'emploi de 40 heures par an pour 80.000 intérimaires".
A noter que l'intérimaire en CDI devra également accepter toutes les missions proposées par les ETT. Durant les "intermissions", il devra rester disponible et accepter les formations qui lui seront imposées. Sa rémunération durant cette période sera versée par l'agence, à raison du barème suivant : au moins le Smic (à plein temps) pour les employés et les ouvriers ; Smic majoré de 15% pour les techniciens et agents de maîtrise ; Smic majoré de 25% pour les cadres. Côté congés payés et autres licenciements, le CDI intérimaire sera soumis aux mêmes règles qu'un CDI classique.
Un secteur à la peine
Considérant ce contrat comme une "avancée sociale majeure", Prism'Emploi faisait toutefois part, ce vendredi 26 juillet 2013, d'un recul de 11.2% sur le mois de juin (sur un an) de l'activité intérimaire, qui ne compte plus désormais que 470.000 salariés équivalents temps plein (contre 525.000 en 2012 et 567.000 en 2011). Le baromètre note ainsi un recul généralisé de l'ensemble des qualifications intérimaires : -10.4% pour les ouvriers qualifiés ; -11.8% pour les employés ; -13.2% pour les ouvriers non qualifiés ; -15.8 pour les cadres et professions intermédiaires. Côté secteurs d'activité, les effectifs d'intérimaires du transport régressent de 8%, ceux du BTP chutent de 10.2% ou encore ceux de l'industrie sont en repli de 11.4%.
Le BTP est un des secteurs d'activité privilégié du travail temporaire. Michael Voirin, responsable de Marché BTP chez Adecco, fait le point sur ce secteur.
Michael Voirin : Le BTP, c'est 100.000 intérimaires en France. Cette année, il sera en baisse de 3%, c'este une activité qui souffre mais qui se maintient. Notons que 17.000 intérimaires dans le BTP sont mis en activité chaque jour. Et chaque année, on reçoit dans nos 145 agences spécialisées "BTP" de 50 à 60.000 personnes.
M. V. : Dans le BTP, c'est le gros œuvre qui souffre le plus, notamment car la construction s'est ralentie ces derniers mois. Du coup, les travailleurs ont été réorientés vers les métiers de la maintenance et du second œuvre qui se maintiennent. On notera une pénurie, dans le second œuvre, des métiers de plaquistes et staffeurs, de menuisiers, de soudeurs ou encore d'échafaudeurs. Ceux des travaux publics sont à la peine, sauf ceux qui interviennent sur les grands travaux. Le poste de conducteur de travaux est aussi difficile à pourvoir. Mais ce que nous constatons, c'est que quelle que soit la taille de l'entreprise - PME ou major du BTP - le problème de recrutement se pose.
M. V. : Nous avons beaucoup de jeunes de moins de 26 ans, que l'on accompagne systématiquement par des formations, vers leur métier futur. Nous avons aussi une population intermédiaire qui a choisi l'intérim par choix. Elle est âgée entre 45 et 55 ans, et ce sont généralement des salariés très qualifiés. Le message à faire passer aux jeunes qui souhaitent s'orienter dans ce secteur, c'est que l'on peut y évoluer rapidement !