CULTURE. Les réalisations des géants de l'architecture japonaise, Kenzô Tange et Kengo Kuma, sont mises en lumière dans une exposition parisienne. Elle est la première, hors du Japon, à mettre en parallèle ces deux architectes.
Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris arrivent à grands pas et la France se prépare à accueillir des millions de visiteurs. Dans le cadre de cet événement sportif mondial, la Maison de la culture du Japon à Paris met à l'honneur deux grands architectes nippons, Kenzô Tange et Kengo Kuma, pères des infrastructures sportives construites à l'occasion des JO de Tokyo de 1964 et 2020. Les œuvres des deux professionnels sont disséquées dans une exposition inédite, visible jusqu'au 29 juin 2024.
Deux stades majeurs
Plusieurs réalisations sont montrées en photographies, maquettes et vidéos. À l'honneur ? Le gymnase national de Yoyogi par Kenzô Tange pour les JO de 1964 et le stade national par Kengo Kuma pour les JO de 2020 (reportés à 2021 à cause de la pandémie de Covid-19). Les visiteurs sont accueillis à l'entrée par de grandes photographies en noir et blanc de ces équipements sportifs, capturées par de célèbres artistes japonais, Yasuhiro Ishimoto et Mikiya Takimoto.
L'exposition révèle les différences et points communs des stades. "Des avant-toits en béton brut, inclinés et paraissant s'avancer vers le ciel, ont été construits dans le gymnase de Kenzô Tange. De son côté, Kengo Kuma a conçu quatre avant-toits, permettant la circulation des usagers", prend pour exemple Saikaku Toyokawa, commissaire de l'exposition, lors d'une visite de presse le 26 avril 2024.
C'est en voyant le gymnase de Yoyogi conçu par Kenzô Tange que Kengo Kuma a découvert le métier. "Sa beauté était telle que j'en fus touché. Ce jour-là, du haut de mes dix ans, je décidai de devenir architecte", témoigne Kengo Kuma pour l'exposition. L'homme avait assisté aux compétitions de natation qui avaient lieu dans ce bâtiment lors des JO de Tokyo de 1964. "De la gare de Shibuya, on apercevait au loin une architecture aux formes étranges."
D'autres bâtiments marquants
D'autres édifices imaginés par ces créateurs de premier plan à la carrière internationale sont exposés, dont la cathédrale Sainte-Marie de Tokyo de Kenzô Tange. "Son toit a été construit avec plusieurs plaques de béton qui ont été tordues", montre d'un geste Saikaku Toyokawa.
À côté, on trouve une maquette de la mairie d'Imabari, ville natale de l'architecte, édifiée en 1958 et dont la conception est inspirée des œuvres du Corbusier en Inde, ou encore celle du musée d'art Nakagawa-machi Bato Hiroshige par Kengo Kuma. Ce dernier "a commencé à construire des œuvres architecturales à la fin des années 1990 et est devenu l'un des plus grands architectes japonais du XXe siècle".
Des maisons très similaires
Une autre pièce présente des résidences conçues par les deux architectes. Malgré les 40 années qui séparent les concepteurs, les maisons qu'ils ont imaginées sont étrangement ressemblantes, dans leur organisation, leurs pilotis, poutres en bois et toit en matériaux biosourcés. "Les matériaux ont une grande importance dans le travail des deux architectes", insiste le commissaire.
"Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon était un pays pauvre et l'utilisation des matériaux limitée. Tange n'avait alors que peu de choix, et avait mis en œuvre du bois pour sa résidence." Plusieurs décennies plus tard, le bois est de nouveau apprécié par les concepteurs, notamment pour son atout environnemental. "Dans les projets de logement notamment, on redonne de l'importance à ce matériau", continue Saikaku Toyokawa.
L'installation ne pouvait se terminer sans un clin d'œil en direction de la France. Le pays joue un rôle dans la carrière de ces deux hommes qui ont imaginé de nombreux ouvrages en Hexagone, dont le bâtiment Italie II, à Paris, pour Tange. "Celui-ci avait ouvert un bureau dans la capitale française pour mener de nombreux projets en France et dans des pays francophones", raconte le commissaire. Sont aussi montrés la Frac Sud - Cité de l'art contemporain par Kuma à Marseille, la gare Saint-Denis Pleyel, qui devrait être inaugurée fin 2024, ou encore la cathédrale d'Angers qui sera livrée en 2025.
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Jusqu'au 29 juin 2024
101 bis, quai Jacques Chirac - Paris 15ème