Le ministre du Travail, Eric Woerth, a présenté mercredi les principales mesures de la réforme des retraites. Parmi celles qui concernent particulièrement le secteur du BTP, la prise en compte de la pénibilité divise. Les bases de travail partent sur un maintien du départ à la retraite à 60 ans pour les personnes en incapacité d'au moins 20%. Les avis sont partagés.

Après des semaines de spéculation autour de la réforme des retraites, le ministre du Travail, Eric Woerth, en a détaillé maercredi les principales mesures. Cette réforme prévoit de ramener le système à un équilibre d'ici à 2018, alors que le déficit est actuellement de 32 milliards d'euros. En 2018, l'âge légal de départ à la retraite sera de 62 ans, soit deux ans de plus qu'aujourd'hui. L'augmentation de la durée d'activité sera progressive, à raison de quatre mois chaque année à partir de la génération née en 1951. La durée de cotisation passera à 41,5 ans en 2020. Quant à l'âge qui permet de toucher la pension à taux plein, il passera de 65 à 67 ans. Les salariés ayant commencé à travailler à 18 ans pourront faire valoir leurs droits à la retraite entre 58 et 60 ans, à condition de justifier de deux ans en plus de la durée de cotisation nécessaire.

 

La réforme prévoit également de renforcer l'alignement entre régimes publics et privés, et de développer l'emploi des seniors, via une aide à l'embauche pendant un an pour les demandeurs d'emploi de plus de 55 ans. L'Etat pourrait prévoir une exonération des charges pour l'emploi d'un chômeur «senior».

 

Ne pas stigmatiser le BTP
Concernant la pénibilité au travail, un facteur qui concerne de nombreux emplois dans le BTP, aucune liste des métiers difficile ne sera établie. Eric Woerth a indiqué que la réforme pourrait maintenir l'âge légal à 60 ans, pour les salariés du secteur privé avec une incapacité d'au moins 20% leur ayant donné droit à une rente pour maladie professionnelle ou accident du travail. Le taux d'incapacité devra être constaté par un médecin. «Aujourd'hui, il n'y a pas de possibilité (...) de prendre votre retraite sauf si vous avez 50% d'incapacité, et encore il faut que vous passiez devant une commission spécifique», a expliqué le ministre. Selon les estimations du gouvernement, 10.000 personnes seraient concernées chaque année par ce dispositif. Son financement sera assuré par la branche accidents du travail et maladies professionnelles de la Sécurité sociale à travers des cotisations patronales. Une idée critiquée par l'Union professionnelle artisanale, qui estime que «le choix d'annualiser les exonérations de charges est de nature à limiter la création d'emploi et à alourdir la charge administrative des entreprises. L'UPA demande donc au gouvernement que ces dispositions ne s'appliquent pas aux entreprises de moins de 20 salariés qui seraient les premières victimes des complications administratives». Ce dossier reste compliqué, comme le rappelle Olivier Diard, délégué général de la FNSCOP BTP : «Cette question de la pénibilité nous préoccupe beaucoup, mais il faut éviter de stigmatiser les professions comme la nôtre». Surtout à l'heure ou le BTP se bat pour combler le manque d'effectifs.

 

Un volet «injuste» pour les victimes de l'amiante
Si la plupart des grandes organisations professionnelles du BTP n'ont pas encore réagi à ces mesures, l'UPA s'est félicitée que le gouvernement ait «pris soin, conformément à la demande de l'UPA, de prendre en compte la pénibilité professionnelle, non pas en fonction de l'activité exercée mais sur la base de l'état de santé de l'individu».
Mais deux associations luttant pour faire valoir les droits des victimes de l'amiante ont déclaré que le volet concernant la pénibilité était «injuste, inéquitable et de mauvaise foi». Selon l'Andeva et la Fnath, ce dispositif «écarte les salariés qui ont été exposés à des produits cancérogènes et qui ont de ce fait une espérance de vie réduite, mais pas de traces physiques de cette atteinte». Dans un communiqué, les deux associations dénoncent notamment le fait que «contrairement à ce que prétend le gouvernement lorsqu'il affirme qu'il est impossible de vérifier, pour le passé, la réalité de ces expositions faute de traçabilité, les salariés exposés à des produits cancérogènes bénéficient d'une surveillance médicale spéciale ou renforcée et les dossiers de médecine du travail doivent être conservés pendant 50 ans».

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