Réalisation de l'isolation thermique aléatoire, surdimensionnement des équipements de chauffage, absence de véritables locaux techniques… Dans le cadre du dispositif RAGE, l'Agence Qualité Construction a publié son rapport "REX Bâtiments performants 2013". Une quatrième édition qui confirme des tendances observées les années précédentes et met l'accent sur les pistes d'amélioration.
L'Agence Qualité Construction (AQC) a mis en place, depuis 2010, un programme d'observation des pratiques, le dispositif "REX Bâtiments performants" dont le but est d'identifier les non-qualités impactant la performance énergétique. Donnant lieu à l'édition de rapports annuels, il se base sur environ 400 visites d'experts et des auditions d'acteurs de la construction (environ 1.100 depuis 2010), qui ont permis de faire remonter 2.800 observations renseignées dans la base de données dédiée. "Le dispositif REX est avant tout un outil d'observation qualitatif", précise l'AQC, qui publie ce 4 décembre 2013, la quatrième mouture de son enquête.
Des tendances observées depuis 2010
Le document conforte des tendances déjà esquissées les années précédentes. La réalisation de l'isolation thermique reste aléatoire d'une opération à l'autre. "Il est déplorable, par exemple, sur certains chantiers, de constater la mise en œuvre d'isolants thermiques humidifiés. Cette humidité peut être le résultat d'un mauvais stockage chez les négociants et/ou sur le chantier ou s'être accumulée lors de la mise en œuvre (produits exposés à la pluie)", relate le rapport qui évoque également des "variantes sauvages" parfois observées. Ces dernières sont en fait l'utilisation de produits ou de matériaux non conformes aux choix du concepteur. De même, signalé depuis les débuts du programme en 2010, le surdimensionnement des équipements de chauffage continue d'être rapporté. "Il s'explique par l'inadéquation entre les besoins de chauffage très faibles (enveloppe très isolée) et la mise en place de générateurs plusieurs fois trop puissants", souligne l'étude. "Par ailleurs, le calorifugeage des réseaux est encore trop souvent négligé alors que les déperditions de ces derniers représentent une part croissante des consommations d'énergie", note l'AQC.Le rapport 2014 mentionne également l'absence de locaux techniques véritables - de taille et d'accessibilité suffisantes - dans les constructions neuves, bien que les équipements soient toujours plus nombreux "et nécessitent pour certains une maintenance plus régulière que par le passé". Il évoque aussi les surchauffes d'été et d'intersaison, un phénomène qui s'observe de façon récurrente. "Il est indispensable de consacrer plus de temps à la conception afin de bien dimensionner les protections solaires et trouver l'optimum entre apports solaires (hiver), protections contre les rayonnements (été) et gestion de l'éclairage naturel", déclare l'AQC qui recommande de prendre en compte les apports internes, l'occupation, l'inertie et la ventilation naturelle. Les retours d'expériences montrent également que certains bâtiments, pourtant performants, puisque bien conçus et bien réalisés, ne sont pas correctement pilotés. "Force est de constater que les installations munies de GTB/GTC nécessitent de gros moyens humains et un niveau de compétence élevé pour effectuer les réglages et les faire fonctionner correctement", remarque l'agence.
Des axes d'amélioration à travailler
L'AQC estime qu'une réflexion poussée devrait être menée au sujet de l'éclairage et de la domotique, et que des progrès pourraient être réalisés dans la conception et la réalisation des systèmes de ventilation. "Une montée en compétence de l'ensemble des acteurs est indispensable dans ce domaine", signale le rapport. "L'amélioration de l'étanchéité à l'air s'accompagne d'autres difficultés comme le problème du séchage des bâtiments en phase de chantier qui doit être anticipée en amont, lors de l'élaboration du planning des travaux", poursuit-il. Autre défi annoncé, celui de la diffusion de la vapeur d'eau au travers des parois, un phénomène encore négligé mais qui devra faire l'objet de plus de vigilance, notamment en rénovation. Ces opérations cumulent d'ailleurs beaucoup de difficultés que seule une compréhension globale des interactions entre les systèmes (enveloppe, équipements) permettrait de résoudre. "Le dispositif REX Bâtiments performants montre que trop de contreperformances sont encore observées du fait d'une vision partielle du fonctionnement des bâtiments et que les actions isolées, sans tenir compte de l'ensemble, génèrent des pathologies", estiment les spécialistes.La performance des bâtiments n'apparaît donc pas égale à la somme des performances individuelles des composants, "même si ceux-ci sont intrinsèquement très performants". "La même logique s'applique aux acteurs qui doivent absolument travailler de concert et en transversalité. Seule une vision systémique permettra de répondre aux exigences globales attendues", conclut l'AQC.