STRATÉGIE. Lors de ses vœux à la presse, le PDG de Vinci, Xavier Huillard, a détaillé les faits marquants de l'année 2018 tout en esquissant les grandes orientations du major pour 2019. Si les manifestations des Gilets jaunes ont quelque peu plombé l'activité de Vinci Autoroutes, toutes les autres entités sont au beau fixe.

"Nous avons construit plus de la moitié de ce qui a été fait ici depuis les débuts de ce quartier d'affaires, et nous continuons encore à le transformer." C'est depuis le futur siège de Saint-Gobain à La Défense que Xavier Huillard, PDG de Vinci, a ainsi résumé l'activité de son groupe sur ce périmètre. La tour, qui culminera à 165 mètres de hauteur, est effectivement une nouvelle réalisation de la branche Vinci Construction, financée par l'assureur Generali et destinée au groupe de distribution de matériaux. Et le major a encore plein de projets en perspective, à commencer par les 74.000 m² de son futur siège social, qui devrait accueillir 4.000 collaborateurs à l'horizon de 2021. Reprenant les exemples des chantiers franciliens récemment livrés par son groupe, le président a affirmé : "C'est la ville de demain et le Vinci de demain qui sont en train de se construire".

 

 

Des innovations comme Power Road à généraliser

 

Pour demain certes, mais qu'en est-il d'aujourd'hui ? "En dépit d'un climat mondial dominé par les incertitudes, les résultats 2018 devraient être très positifs", explique Xavier Huillard. Le détail par entité semble prouver que tous les voyants sont au vert pour le groupe, dont l'activité est divisée entre le contracting et les concessions. Pour commencer, Vinci Energies a connu un développement "spectaculaire" en 2018, après avoir réalisé une soixantaine d'acquisitions de-par le monde et enregistré plus de 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Eurovia, la filiale spécialisée dans les travaux routiers, a aussi profité d'une "belle croissance organique", qui s'est traduite par un déploiement de son activité, notamment aux Etats-Unis. "Nous aurons également à relever le challenge de la généralisation de techniques innovantes, comme Power Road [prototype de route capable de produire de l'énergie thermique, ndlr]", précise Xavier Huillard.

 

Belle progression de Vinci Immobilier sur le résidentiel et les bureaux

 

De son côté, Vinci Construction améliore ses résultats grâce à "une sélectivité des projets et une excellence opérationnelle". Autrement dit, l'entité semble avoir trouvé un modèle économique plus agile lui permettant de s'implanter sur des marchés plus porteurs. En outre, 2018 a également été "une très belle année" pour Vinci Immobilier, particulièrement sur les segments de l'immobilier résidentiel et d'entreprise, avec de nombreuses opérations de bureaux livrées. De plus, l'entité commence à investir la scène internationale, avec de premiers développements en Pologne. L'actualité de ces dernières semaines a aussi mis en lumière Vinci Autoroutes : plusieurs manifestations de Gilets jaunes aux abords des stations de péages ont pu dégénérer, débouchant sur des dégradations voire des incendies de ces locaux. "Vinci Autoroutes a connu une croissance pendant les 10 premiers mois de 2018, jusqu'à la crise des Gilets jaunes, qui a conduit à effacer la hausse de trafic enregistrée jusqu'ici", note le PDG du major. Quant à la traditionnelle polémique sur les hausses annuelles des tarifs de péages, Xavier Huillard se contente de rappeler que ces prix "répondent à une mécanique précise, en fonction des investissements réalisés - comme le plan de relance autoroutier - et des clauses des contrats de concession". Enfin, avec 240 millions de passagers transportés depuis ses 46 plateformes présentes dans 12 pays, Vinci Airports est devenu le premier opérateur aéroportuaire privé au monde en 2018.

 

Réduire l'empreinte environnementale et favoriser l'égalité des chances

 

"Les résultats sont donc solides en contracting et en concessions", récapitule Xavier Huillard. Mais le major ne veut pas pour autant oublier ses salariés, tenant à rappeler que le groupe, qui totalise 200.000 collaborateurs à l'échelle mondiale, leur a reversé 330 millions d'euros en 2018 au titre de l'intéressement et de la participation. Plus de 100.000 salariés possèdent environ 11% du capital du major, ce qui en font "le premier" actionnaire. Partant de ce constat, tout a l'air d'aller pour le mieux pour l'entreprise comme pour ses employés. "Mais si Vinci est serein, tout le monde ne l'est pas aujourd'hui", relève son PDG.

 

 

"Nous avons deux engagements majeurs pour 2019. D'une part, la réduction de notre empreinte environnementale." Pour ce faire, le groupe veut rendre encore plus visible tout ce qu'il fait déjà en la matière, et souhaite aussi finaliser une série d'engagements qui vont porter sur trois domaines : l'empreinte carbone, la ressource en eau et les déchets, avec des objectifs qui seront fixés pour chacun des trois. Concernant la valorisation des matériaux, Vinci assure être à la pointe dans le domaine, à l'heure où les carrières existantes sont difficilement extensibles, et où il devient quasiment impossible d'ouvrir de nouveaux sites d'extraction. "On recycle aujourd'hui 5 fois plus que ce qu'on faisait il y a 20 ans", confirme Xavier Huillard. "A terme, soit d'ici 15-20 ans, la quasi-totalité des matériaux de construction seront recyclés. A l'heure actuelle, nous possédons déjà plus d'une trentaine d'usine de recyclage à travers le monde." L'autre engagement sera d'ordre social : "D'autre part, nous voulons mettre l'accent sur l'égalité des chances et la diversité, notamment en poursuivant la féminisation de nos équipes, et en étant plus accueillant pour le public, surtout pour les populations des quartiers en difficulté."

 

D'une manière plus générale, le groupe Vinci souhaite donc connaître une année 2019 aussi performante que l'année 2018, tout en développant différents axes de son activité, et en prenant en compte l'environnement certes économique, mais aussi social. "2019 devrait être de nouveau une année de croissance, riche d'opportunités et de challenges. Nous voulons nous projeter dans l'avenir en visant une performance globale, surtout en cette période de fragmentation de la société", insiste le PDG du groupe. "Des entreprises comme la nôtre apparaissent comme des stabilisateurs dans un monde en perte de repères."

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