Entre vieillissement de la population et allongement de la durée de vie, c'est un nouveau marché porteur de croissance qui se profile désormais. Les seniors, réputés pour leur fort pouvoir d'achat, sont devenus la cible privilégiée des ténors de la communication, tous domaines confondus. L'immobilier n'est pas en reste, et l'on voit se développer des solutions et des projets d'habitat senior en tout genre. Détails.

« Les offensives s'accélèrent sur le marché des résidences seniors », affirme la dernière étude du cabinet Xerfi consacrée à ce marché, pointant la multiplication des nouveaux programmes, le lancement de nouveaux concepts ou l'avènement de nouveaux entrants.

 

En effet, l'habitat senior suscite de plus en plus l'intérêt des promoteurs et autres acteurs de l'immobilier comme les Epha ou Ephad ou les spécialistes des résidences services. Si nombre d'entre eux s'étaient intéressés au sujet dans les années quatre-vingts, l'échec de certains intervenants avait quelque peu calmé les ardeurs. Force est de constater que l'habitat senior fait son grand retour aujourd'hui, profitant du dynamisme de l'immobilier locatif, mais aussi d'un marché de l'immobilier classique moins euphorique.

 

Aussi, les promoteurs spécialistes des résidences seniors sont-ils devenus plus offensifs pour relever les nouveaux défis qu'impose ce marché des seniors. S'il reste encore confidentiel, avec moins de 250 résidences et villages seniors selon l'étude Xerfi, soit moins de 20.000 places en France, il n'en demeure pas moins attrayant et porteur. Cependant, note le cabinet, les acteurs devront « adopter un positionnement tarifaire en phase avec la solvabilité des seniors », car leur richesse ne doit pas être surestimée, « professionnaliser et rentabiliser l'exploitation », et aussi « identifier les concepts gagnants selon les âges ».
Si villages et résidences seniors restent les deux grands marchés, d'autres expériences ont vu le jour, comme des résidences mixtes (cf. encadré) ou des villas familiales, qui ne demandent qu'à éclore…

 


Un habitat pour bien vieillir

 

Lancé il y a deux ans, le concept des Maisons de Marianne repose sur le principe de faire cohabiter dans un même immeuble des personnes en phase de perte d'autonomie et des personnes actives. Basé sur une occupation en 100% locatif, ces résidences permettent de maîtriser et de conserver une mixité générationnelle de population, tout en respectant les critères d'attribution initiaux de droit commun.

 

Ce concept a amené le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, à réfléchir à la problématique de l'habitat de la vieillesse. Pour lui, il s'agit d'inventer « la cité du bien vieillir », car avant tout, ce n'est pas tant le problème de la vieillesse qui est mis en cause, mais l'isolement et la désolation qui en découlent parfois. Cet « habitat du bien vieillir » doit fournir, d'après lui, une garantie d'accès aux soins sans pour autant se transformer en établissement médical. Il doit également rappeler l'utilité de la vieillesse dans nos sociétés et sa fonction décisive.
Maintenir le lien, garantir l'identité, assurer la sécurité médicale, préserver l'utilité sociale, faciliter le quotidien, autoriser la diversité socio-économique, offrir la possibilité d'élargir ses horizons et espérer, in fine, une « mort chez soi »… seraient, en quelque sorte, les conditions d'une « république du bien vieillir » selon Pierre-Henri Tavoillot. A méditer…

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