MODERNISATION. Comme annoncé, le RER A est fermé à la circulation durant tout le mois d'août 2018 entre les gares parisiennes de La Défense et Nation, le temps de procéder au renouvellement des rails, voies et ballast. Un chantier d'envergure qui présente quelques particularités, comme l'utilisation d'un train-usine et d'une pelle rail-route. Petit plongeon dans les profondeurs de Paris.
Ce ne sont plus des voyageurs qui transitent par les tunnels du RER A, mais des engins de chantier et des ouvriers. Comme Batiactu l'avait déjà précisé, la ligne de transport en commun la plus fréquentée d'Europe est fermée à la circulation du 28 juillet au 26 août 2018 inclus, entre les gares de La Défense et Nation. Motif : les travaux de renouvellement des rails, voies et ballast, dits "RVB". Philippe Martin, directeur général adjoint en charge des opérations de transport et de maintenance à la RATP : "La ligne A fête ses 40 ans en 2018, et avec plus d'un million de voyageurs transportés chaque jour, ses infrastructures sont fortement sollicitées. C'est pourquoi ce chantier de modernisation est indispensable : pour garantir la sécurité des installations tout en augmentant les performances de trafic, il nous faut procéder à ce renouvellement". Etalés sur sept ans, les travaux en sont déjà à leur quatrième année consécutive. La période estivale est évidemment plus propice à la réalisation de ce type de chantiers, étant donné que l'affluence de voyageurs y est moindre.
Train-usine et pelle rail-route
Cette opération de maintenance patrimoniale présente quelques spécificités, comme l'explique Yann Guillaume, chef de projet RVB du RER A chez RATP : "Nous allons mettre à profit cette période pour moderniser les infrastructures, rails, voies et ballast, mais aussi pour installer de nouveaux appareils de voie à la station Charles-de-Gaulle - Etoile, ceci afin d'améliorer le trafic". D'autres difficultés attendent cependant les équipes de l'opérateur entre Châtelet et Gare de Lyon : "L'autre spécificité de cette année, c'est que nous aurons 500 m de lignes à renouveler dans un tunnel à voie unique entre Châtelet et Gare de Lyon, d'où le recours au train-usine. Ce problème ne se posait pas les années précédentes, où nos équipes intervenaient sur des portions à voie double, avec l'une d'elles qui servait pour la logistique pendant que l'autre était en travaux."
L'intérêt du train-usine réside dans sa double capacité à travailler sur la voie tout en pouvant évacuer les éléments extraits : cette machine unique en son genre utilise un système de portiques pour, d'une part, déposer l'ancienne voie puis poser la nouvelle, et d'autre part, décharger le ballast neuf tout en évacuant l'ancien grâce à des tapis convoyeurs. C'est à ce moment qu'un autre engin entre en scène : une pelle rail-route, au godet très large, charge l'ancien ballast dans les convois, et décharge le nouveau. Les deux matériels jouent donc de concert pour mener à bien le projet dans les longs tunnels obscurs, là où les trains circulent habituellement à 100 km/h.
24 heures sur 24, 7 jours sur 7
Il est certain que les équipes de la RATP ne chômeront pas durant le mois d'août : 400 personnes sont mobilisées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour ce projet, dont la finalité est de renouveler 24 km de voies en 7 ans. "Durant l'été 2018, on va devoir remplacer jusqu'à 3.500 traverses, et déposer 6.000 m3 de ballast neuf", poursuit Yann Guillaume. "Au vu des objectifs à tenir dans les délais impartis, il faut que ce chantier tourne en permanence." Sans compter la logistique à mettre en place en parallèle : pour pallier à l'absence de trains au cœur de la capitale, la RATP a renforcé les transports de substitution, à commencer par la ligne 1 du métropolitain, dont le tracé est quasi-parallèle à celui du RER A : il y aura une rame toutes les 85 secondes sur les rails automatisés de la plus ancienne ligne parisienne. Et pas moins de 1.000 agents sont mobilisés dans les gares et sur les quais pour accompagner et renseigner les voyageurs.
Le chantier RVB du RER A représente un investissement global de 100 millions d'euros. D'après le planning de la RATP, l'été 2018 devrait être le quatrième et dernier durant lequel le trafic sera interrompu dans de telles proportions. Les travaux se poursuivront chaque été jusqu'en 2021, mais les fermetures n'auront plus lieu que les soirées et les week-ends.