RAPPORT. Les trois principales organisations professionnelles du BTP ont remis aux pouvoirs publics deux rapports listant les freins à lever pour améliorer la dynamique de relance des chantiers. Le Gouvernement pourrait y répondre rapidement par la prise de nouvelles mesures.
Les trois principales organisations du secteur du BTP ont remis, ces derniers jours, deux rapports sur les freins à la reprise dans le secteur. La FFB et la FNTP ont ainsi communiqué ce lundi 27 avril un document commun intitulé "Propositions pour un plan de reprise d'activité et une diminution rapide du chômage partiel", alors que la Capeb avait déjà rendu sa copie en milieu de semaine dernière. L'État, qui avait demandé aux professionnels de plancher sur le sujet, doit étudier ces propositions et apporter une réponse rapide, puisqu'une nouvelle réunion est programmée sous peu avec les ministères concernés - c'est aussi ce jour, pour rappel, que le Premier ministre présentera son plan de déconfinement.
La question du partage des surcoûts
"Le document que nous avons remis au Gouvernement ce lundi détaille quels sont les freins à la reprise de l'activité, en matière notamment de charges sociales, responsabilité de l'employeur, partage des surcoûts", explique un porte-parole de la Fédération française du bâtiment (FFB) à Batiactu. "Nous demandons également à ce que tous les conseils municipaux soient mis en place."
Bien sûr, la relance de certains chantiers est déjà une réalité, mais nombreux sont les limites à une réelle reprise, comme l'a rappelé récemment la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). "Aujourd'hui, 80% des entreprises n'ont pas repris", confirme Patrick Liébus, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), contacté par nos soins. D'où la volonté du Gouvernement de réagir, et pour cela de demander directement aux professionnels leur analyse sur les facteurs bloquants l'activité.
Trouver une forme d'accord sur la question des surcoûts paraît être un préalable à une réelle reprise, nous explique Patrick Liébus. "On parle de +10% dans le neuf, et de +12 à 22% dans la rénovation", observe-t-il. "En marchés publics, l'État peut intervenir pour prendre en charge le surcoût, mais avec le privé, avec les clients particuliers, comment faire ? Quand le client ne souhaite pas que vous veniez travailler chez lui ?" Le patron des artisans aimerait qu'à ce sujet le Premier ministre intervienne publiquement au sujet du Bâtiment, invitant les clients particuliers à rouvrir leurs portes aux entreprises dans la mesure où le guide sanitaire de l'OPPBTP est aujourd'hui entré dans les mœurs.
"Le Gouvernement doit donner le 'la'"
Le rôle des préfets et de la maîtrise d'ouvrage publique a souvent été avancé, ces dernières semaines, comme un autre frein. "Les préfets doivent expliquer aux maires qu'ils leur faut donner les autorisations de travaux, traiter les dépôts de permis", assure Patrick Liébus. Le Gouvernement est sur la même longueur d'ondes, dans la mesure où Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement engageait sur Batiactu les acteurs publics et privés "à tout mettre en œuvre afin que tout ce qui puisse être fait soit fait pour que l'activité continue". Faudra-t-il effectuer une piqure de rappel aux territoires à ce sujet ? "Le Gouvernement doit donner le 'la'", demande Patrick Liébus. "L'État doit rappeler à chacun ses obligations." Mais aussi permettre aux constructeurs de refaire le retard en établissant, par exemple, un dispositif d'heures supplémentaires totalement défiscalisées. "C'est préférable à faire travailler nos compagnons en août", assure Patrick Liébus.