Les sociétés d'autoroutes françaises sont pointées du doigt par un rapport de l'autorité de la concurrence. En ligne de mire : leur rentabilité excessive et un manque de mise en concurrence dans les appels d'offres. Détails et réactions.

L'autorité de la concurrence n'y va pas par quatre chemins : "La rentabilité exceptionnelle des sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA) 'historiques' est assimilable à une rente, qui doit être davantage régulée en faveur de l'Etat et des usagers".

 

Détenues par Eiffage, Vinci et Abertis, les sociétés d'autoroutes afficheraient donc une rentabilité exceptionnelle injustifiée : "L'Autorité a constaté que l'augmentation du chiffre d'affaires des SCA depuis 2006, nourrie par l'augmentation continue du trafic et du tarif des péages, apparaissait largement déconnectée de leurs coûts. (…) la rentabilité nette des SCA est très élevée puisqu'elle a atteint en 2013, selon les sociétés, entre 20 et 24% de leur chiffre d'affaires", note l'autorité. Elément surprenant souligné par le rapport, la crise a peu d'impact sur les SCA : "Même lorsque le trafic autoroutier baisse fortement, comme par exemple lors de la crise financière de 2008-2009, le chiffre d'affaires des SCA 'historiques' comme leur rentabilité nette ont, d'une manière générale, continué à croître, par le seul effet de l'augmentation du tarif des péages", précise l'autorité.

Des modalités d'attribution contestables

Autre point sur lequel insiste l'autorité : l'attribution des marchés. Si après avis du Conseil de la concurrence en 2005, les sociétés concessionnaires devenues privées ont continué à appliquer les mêmes obligations que lorsqu'elles étaient publiques, une part importante des marchés de travaux des sociétés a été attribuée à une entreprise liée (ou à un groupement l'incluant). "Environ 35% des marchés de travaux ont été en moyenne confiés à une entreprise liée (ou à un groupement l'incluant) par les SCA appartenant à Vinci et Eiffage ; en valeur, cette part monte à plus de 50% pour ASF et Escota, mettant en évidence que ce sont principalement les marchés d'un montant élevé qui sont attribués à Vinci", dénonce l'autorité.

 

Sociétés d\'autoroutes
Panorama des autoroutes françaises © Autorité de la concurrence
Piquée au vif, l'association professionnelle des sociétés françaises concessionnaires exploitantes d'autoroutes ou d'ouvrages routiers a réagi rapidement : "Les sociétés concessionnaires assurent, au bénéfice de l'État, le financement, la construction, l'entretien, la maintenance et l'exploitation d'un réseau autoroutier de plus de 9.000 km, d'une excellente qualité et d'un niveau de sécurité inégalé, plébiscité année près année par ses usagers. Ceci est souligné par l'avis de l'Autorité de la concurrence". Et d'ajouter : "Cette délégation de service public s'exerce en vertu de contrats de long terme, signés avec l'État, dont l'équilibre ne peut s'analyser que sur la durée et dont le respect conditionne la capacité de mobiliser sur les marchés internationaux des financements privés considérables au service d'investissements publics".

 

Le secteur des autoroutes françaises en chiffres…

 

-11.882 km d'autoroutes dont 9.048 sont exploitées, sous le régime de la concession, par 19 sociétés (SCA). Parmi celles-ci, les sept SCA "historiques" représentent, à elles seules, 92% du chiffre d'affaires du secteur (8,9 milliards d'euros en 2013).

 

- A l'exception de Cofiroute, filiale de Vinci, qui a toujours été une société privée, les six autres SCA "historiques" ont été privatisées en 2006 au profit des groupes Vinci, Eiffage et Abertis pour un montant total de 14,8 milliards d'euros.

 

Découvrez en page 2, les 13 préconisations de l'autorité de la concurrence

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