Dans le sillon du Grenelle de l'environnement et de ses mesures visant à réduire les émissions de CO2, la rénovation thermique des bâtiments a fortement progressé au cours des dernières années. Une étude du cabinet Xerfi fait état des opportunités des grands acteurs de la rénovation thermique, mais le sort des artisans et industriels semble dépendre fortement des engagements ou désengagements de l'Etat en matière d'aide aux particuliers pour la réalisation de ces travaux.

Dans un contexte favorable de lutte de l'Etat pour la réduction de la consommation énergétique des bâtiments, le marché de la rénovation énergétique se porte bien. Selon une étude menée par le cabinet Xerfi, l'activité des entreprises positionnées sur ce créneau progresse de 6 à 7% par an depuis plusieurs années. Même si 2009 n'a enregistré qu'une progression de 2%, on estime que 200 milliards d'euros devraient être dépensés en France dans les dix années à venir pour améliorer l'isolation thermique des logements et locaux tertiaires.

 

Mais si la rénovation thermique est dans l'air du temps, «les revirements de l'Etat vont retarder l'envol du marché à court terme», estime Xerfi. En effet, la réduction des crédits d'impôt accordés aux particuliers mettant en œuvre ce type de travaux, dont le coût est jugé trop cher pour l'Etat, risque de décourager les ménages. Depuis le 1er janvier 2010, le taux de crédit d'impôt sur les fenêtres est passé de 25 à 15%, et la majoration pour les travaux réalisés dans des logements datant d'avant 1977 a également été annulée.

 

Trois secteurs en évolution
Trois grands acteurs sont concernés par l'évolution du marché de la rénovation thermique : les fabricants d'isolants, les spécialistes de la fenêtre et les entreprises de travaux d'isolation. Chez les fabricants d'isolants thermiques, «les rapports de force concurrentiels sont plutôt favorables aux opérateurs en place et cela continuera d'être le cas dans les prochaines années», prédit l'étude, en soulignant cependant que leur activité reste fortement liée aux mesures incitatives de l'État et de l'évolution des normes thermiques des matériaux. Les acteurs anticipent l'accroissement de la demande en améliorant leurs capacités de production et en diversifiant leur offre, et tentent d'étendre leur présence en Europe.

 

Dans le secteur de la fenêtre, la concurrence semble beaucoup plus accrue, tout autant que les canaux de distribution. Le nombre d'opérateurs devrait légèrement se réduire dans les années à venir, sous l'effet «de la forte atomicité actuelle de l'offre qui exacerbe les pressions concurrentielles et réduit le taux de valeur ajoutée des entreprises». Les entreprises devront, pour réduire ces pressions, se diversifier et monter en gamme pour faire face au durcissement des normes thermiques, «deux stratégies qui mettront hors jeu bon nombre d'acteurs de second rang», indique l'étude.

 

Diversification et convergence des savoir-faire
Quant aux entreprises mettant en œuvre les travaux d'isolation, essentiellement des TPE artisanales, elles devraient se structurer et voir ainsi s'accroitre les rapports de force concurrentiels. D'autres corps de métiers, plus éloignés, pourraient être amenés à se diversifier pour mettre un pied sur ce marché : couvreurs, plâtriers, menuisiers, chauffagistes«Au final, l'essor des chantiers de rénovation thermique abaisse peu à peu les frontières entre les différents corps de métier du bâtiment», prévoit Xerfi, anticipant ainsi une augmentation de la concurrence dans le secteur du bâtiment, ce qui pourrait engendrer des problèmes de recrutement supplémentaires à ceux que l'on connait déjà.

 

Pour l'heure, l'évolution du marché de la rénovation thermique reste lié aux mesures de l'Etat, selon l'étude, et 2010 ne devrait observer qu'une progression de 4%.

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