L'Observatoire prospectif de la Rénovation énergétique des logements en copropriété (OREC) a publié un rapport précisant que le gain d'énergie dans les copropriétés sera de 15 % entre 2010 et 2020, loin des 38 % fixés comme objectif du Plan Bâtiment pour le parc immobilier français. Le document insiste sur la nécessité de porter une attention particulière à ce type de logements qui représentent près de 8 millions d'appartements.

La rénovation énergétique des copropriétés pourra-t-elle atteindre ses objectifs ? Rien est moins sur. En effet, elle ne permettra le gain que de 1,3 million de tonnes d'équivalent pétrole d'ici à 2020, contre 3,3 Mtoe nécessaires à l'atteinte de l'objectif fixé par le Plan Bâtiment. Telle est la conclusion d'un rapport publié ce 5 octobre par l'OREC, un observatoire lancé cette année par le BIPE (une société d'ingénierie économique et de conseil en stratégie). Afin de respecter les engagements pris lors du Grenelle de l'Environnement, à savoir réduire de 38 % la consommation énergétique dans les copropriétés à l'horizon de 2020, l'OREC a identifié plusieurs obstacles à franchir.

 

Les bailleurs à la traîne
L'organisme pointe tout d'abord le processus de décision collectif, trop complexe dans le parc privé par rapport au parc social ou à l'habitat individuel. La difficulté à établir un consensus résulterait d'un manque de motivation individuelle chez de nombreux propriétaires. Les bailleurs seraient également souvent réticents à la réalisation de travaux d'amélioration énergétique d'un logement dont ils ne supportent ni les charges locatives, ni l'éventuel manque de confort. Les propriétaires occupants sont logiquement plus nombreux à demander des travaux d'isolation de toiture (19 % contre 15 %) et des changements de système de chauffage (10 % contre 6 %). Dans un avenir proche, 36 % des propriétaires occupants envisagent des travaux de rénovation énergétique, contre 26 % des propriétaires bailleurs.

 

Le manque de motivation serait lié à un défaut d'information de la part des syndics, des professionnels censés mieux connaître les aides publiques, les solutions énergétiques et leurs performances. S'ils estiment informer parfois (31 %) ou souvent (47 %) les copropriétaires sur les questions de rénovation, leurs propositions ne seraient que rarement suivies : dans à peine plus d'un tiers des cas. Les aides publiques ne feraient pas défaut (éco-PTZ ou TVA à taux réduit) mais le niveau d'information les concernant serait trop bas. L'OREC recommande notamment un travail pédagogique passant par les bureaux d'études thermiques et les entreprises de travaux.

 

Parler d'amélioration du confort
Le coût des travaux constituerait également un frein important, pour 72 % des propriétaires bailleurs et 54 % des occupants. D'autant que d'autres travaux sont par ailleurs souvent indispensables : mise en sécurité des ascenseurs, ravalement de façade, remise en état de parties privatives lors de changement de locataire, etc. Afin de surmonter cette problématique de coût, l'OREC préconise la poursuite et l'encouragement des Contrats de performance énergétique (CPE) avec ou sans la participation de tiers investisseurs. L'intégration de la rénovation énergétique au sein d'autres interventions pourrait également permettre de lier amélioration des performances et amélioration du confort.

 

Ces différentes mesures permettraient, selon les rédacteurs du rapport, « à la filière française de la construction et de l'immobilier (…) de développer une offre adaptée au marché [des copropriétés], source d'emploi non délocalisables et à forte valeur ajoutée sur le territoire ».

 

L'OREC base son étude sur deux enquêtes auprès des copropriétaires et des syndics et sur un modèle de simulation fondé sur l'identification des facteurs de croissance. L'Ademe, Saint-Gobain, EDF, GDF-Suez, Domofinance et le Plan Bâtiment collaborent notamment avec l'Observatoire.

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