Le Grenelle de l'Environnement prévoit la rénovation énergétique et thermique des bâtiments existants afin de réduire de 38 % au moins leur consommation d'ici à 2020. Un chantier immense s'est donc ouvert impliquant la dépense d'environ 20 milliards d'euros par an pendant 10 ans. Philippe Pelletier (Plan Bâtiment Grenelle), Patrick Liébus (Capeb) et Christian Cardonnel (Cardonnel Ingénierie) ont participé à une table ronde sur le sujet. Compte rendu.

En France, le bâtiment est, on le sait, le secteur le plus énergétivore avec 68 millions de tonnes d'équivalent pétrole par an, soit 42,5 % de la facture énergétique totale. Il génère également 123 millions de tonnes de CO2, soit 23 % des émissions nationales. Le Grenelle de l'Environnement, pointant cette situation, a donc souhaité inciter et accélérer la rénovation énergétique et thermique des bâtiments existants afin de réduire de 38 % minimum leurs consommation d'énergie d'ici à la fin de la décennie. « En matière de rénovation, la loi a fixé l'objectif de 300.000 logements par an », explique Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Grenelle. « Le nouveau gouvernement, qui a souhaité que je continue ma mission d'animation de ce comité stratégique, fixe de nouveaux objectifs très ambitieux : rénover 600.000 logements par an, dont 100.000 logements sociaux et 50.000 foyers en situation de précarité énergétique. Ces chiffres sont très intéressants pour peu que des moyens soient libérés afin de permettre des actions ».

 

Car la méthode de concertation, développée et utilisée depuis plus de 3 ans au sein du Plan Batîment Grenelle, a porté ses fruits. Son président poursuit : « Il me semble que c'est une réussite que d'avoir réussi à mettre autour de la table différents acteurs de la construction qui, jusque-là, se connaissaient mal et se parlaient peu. Tout le monde s'est entendu sur un programme afin de lutter contre la précarité énergétique par exemple. L'initiative est donc venue de la société, qui s'est mobilisée, avec le soutien de l'Etat, et non pas d'une décision étatique imposée. Il s'agit donc d'une démarche d'une grande modernité ». Christian Cardonnel, président de Cardonnel Ingénierie, renchérit : « Nous avons tissé des liens de qualité entre professionnels de la construction. Ce qui a induit une montée en compétence ».

 

Des artisans impliqués
Du côté des artisans impliqués dans les chantiers de rénovation, la Capeb est associée au mouvement. Elle a élaboré deux offres, « ECO Artisan » et « ECO Rénovation ». « La démarche de notre organisation a été très rapide », explique Patrick Liébus (président de la Capeb) qui poursuit : « Il ne fallait pas attendre pour que les artisans puissent exercer une activité reconnue et appréciée des clients. Nous avons donc incité à la formation des entreprises et de leurs salariés en interne afin de répondre à cette demande. A ce jour, nous avons reconnu près de 2.500 ECO Artisans. Mais nous devons aller beaucoup plus loin ». Le président, qui explique que le travail est encore très important avant de toucher la majeure partie des 380.000 entreprises concernées, se déclare rassuré par les annonces des ministères. Et de souhaiter un accompagnement financier. La Capeb met également en place « ECO Rénovation » un nouveau service pour les chantiers de rénovation énergétique nécessitant l'intervention de plusieurs corps d'état.

 

Philippe Pelletier renchérit : « Il est important de développer le tissu économique français avec les petits artisans tout en menant la transformation. La rénovation énergétique change les curseurs et induit une rigueur accrue. On est passé d'une logique individuelle à une logique collective plus professionnelle. L'artisanat doit être une filière attractive à valeur ajoutée et constitue un vivier d'emplois pour notre pays ». Pour le président du Plan Bâtiment Grenelle, la Capeb constitue un repère de la capacité du secteur de la construction à répondre à la demande de services. Selon lui, à l'avenir, seules les entreprises reconnues devront pouvoir prétendre à l'éligibilité d'un éco-prêt sur présentation d'un devis, ce qui libérera les banques de leur mission de contrôle. Une situation qui avait plombé le recours au « Prêt à Taux Zéro » (PTZ), les banques ne le proposant plus. Une demande de modification permettant aux entreprises formées de délivrer une attestation de conformité des projets de travaux, sera proposée au gouverment au mois de juillet afin de relancer le dispositif de prêt.

 

Interrogé sur les Certificats d'Economie d'Energie, Philippe Pelletier répond : « Il s'agit d'une belle idée, qui ne coûte pas un euro au budget de l'Etat. Mais je pense qu'il existe des marges de progrès importantes pour que cette idée se transforme effectivement en améliorations. La liste devrait être ouverte aux acteurs du parc tertiaire privé et aux copropriétés, tandis que le rythme des révisions, tous les 3 ans, devrait être raccourci ». Autant de mesures qui devraient permettre d'accélérer l'amélioration énergétique des bâtiments.

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