La rénovation de cette remarquable bâtisse du XVIIe siècle est marquée par la volonté de l’architecte, Patrick Mauger, d’allier nouvelles technologies et authenticité. Un chantier où le bois occupe une place privilégiée.

Le maître d’ouvrage, le district de la Hague, mise sur la ferme du Tourp pour donner une nouvelle image de sa presqu’île, quelque peu assombrie par la présence de l’usine de traitement de déchets nucléaires. Son rôle est multiple : point d’informations touristiques, centre documentaire, restaurant, hébergement, et surtout accueil d’expositions permanentes sur les paysages océaniques. La ferme-manoir une fois achevée devra donc répondre à des exigences de sécurité, de confort et de technologies qui influent sur les choix du maître d’œuvre. Climatisation, chauffage, câbles informatiques, branchements se font le plus discret possible afin de respecter l’aspect initial. Ils sont accueillis dans les plafonds et doubles parquets, renforcés pour supporter les charges nouvelles. L’épaisseur de l’encadrement des fenêtres servent aussi à dissimuler des équipements techniques. Le parti pris architectural, respectueux de la tradition, a suscité l’utilisation de matériaux employés à l’identique comme les toitures en schiste du pays. Les murs sont conservés en pierre apparentes, traitées à la chaux. Et des éléments remarquables, tels des voûtes du XIe siècles, un escalier en pierre et les manteaux de cheminées sont mis en valeur. Il s’agit de respecter au mieux l’aspect originel du manoir. Ainsi, la restauration du pigeonnier se fait-elle d’après une gravure ancienne.

Place au bois ’
L’intérieur des bâtiments est marqué par l’omniprésence du bois. Près de 800 mètres cubes ont été employés. Parquets, fenêtres, mobiliers - dessinés par la designer Laurence Hamelin - volets et charpentes… sont en bois. L’architecte, en collaboration avec le Comité National pour le Développement du Bois Basse-Normandie (CNDB), a fait appel à quatre entreprises locales ainsi qu’aux Charpentiers de Paris. Le châtaignier et surtout le chêne ont été retenus pour les parties existantes. Parquets à lames larges en chêne, poutres et solives aussi. Tandis que les rajouts (escaliers, plates formes d’ascenseur ) sont en bois rouge exotique. Les charpentiers ont du réaliser de véritables prouesses techniques lors du remplacement des poutres maîtresses, de plus d’une tonne, de l’édifice principal sans toucher à la toiture. " Un travail qui nécessite une très grande précision avec un matériau vivant "selon le responsable des charpentiers de Paris . Enfin, la charpente du bâtiment d’exposition, en forme de carène de bateau, a nécessité l’appel à un bureau d’étude habituellement spécialisé dans la structure métallique. Afin de conserver le rythme des fermes existantes, les ingénieurs et menuisiers ont travaillé ensemble pour supprimer les jambes de force. La charpente cintrée, en lamellé-collé chêne, renforce ainsi l’impression d’espace.


L’architecte en quelques dates

Né en 1962, Patrick Mauger finit ses études en 1989. Il acquiert une expérience dans des agences importantes dont celle de Jean-Michel Willmotte où il responsable des projets de rénovation du Musée des Beaux-Arts de Lyon et de la restructuration du Collège de France. En 1997, il crée sa propre agence. Parmi ses projets en cours : le siège de Philipps Auctioneers à New York, le studio de création de Christian Dior avenue Montaigne à Paris et la rénovation des auditoriums de la FFB.


La ferme manoir du Tourp

Maître d’ouvrage : District de la Hague
Maître d’œuvre : Patrick Mauger, architecte DPLG
Designer : Laurence Hamelin
Economiste : Marc Vareille
BET et structure : Normaprim

Entreprises bois
Charpente : les Charpentiers de Paris
Charpente:entreprise AMC Folliot
Parquet : entreprise Aubert-Labansat
Plafond : entreprise Dalmont

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